Édito

Faillite climatique annoncée?

Faillite climatique annoncée?
La Suisse est le sixième investisseur mondial dans les entreprises actives dans la filière du charbon. Keystone
Ecologie

La Suisse est le sixième investisseur mondial dans les entreprises actives dans la filière du charbon! C’est ce que révèle un récent rapport de l’association de défense du climat «Les Artisans de la transition».

Les chiffres publiés sont vertigineux: à la fin de l’année dernière, 95 acteurs financiers suisses détenaient 20,5 milliards de dollars d’actions et d’obligations d’entreprises très fortement actives dans la filière du charbon! Sans surprise, on y retrouve des géants de la finance suisse comme UBS, Credit suisse, la Banque Pictet, la Banque nationale suisse ou la Banque cantonale de Zurich.

Or, le charbon est la principale source de gaz à effet de serre, à l’origine du réchauffement climatique. «A lui seul, ce combustible fossile entraîne 40% des émissions mondiales de CO2», relèvent les auteur·es du rapport. Selon les calculs du Giec, si l’on entend respecter les objectifs d’un réchauffement planétaire à 1,5 degré, il faut fermer entre 61% et 78% des capacités de production électrique à partir du charbon d’ici 2030. C’est-à-dire demain.

La politique financière de ces établissements suisses fait fi du long terme et traduit une myopie certaine. Pis, des efforts considérables sont déployés pour cacher ces investissements.

Des données qui mettent donc aussi les autorités fédérales au pied du mur. A elles d’exiger, par voie de droit, une obligation de transparence en la matière. Le passé récent – rappelons-nous les aventuriers de la finance helvètes qui se sont retrouvés empêtrés jusqu’au cou dans les subprimes– inviterait à une prudence marquée. La crise des investissements pourris dans l’énergie carbonée pourrait être autrement plus dévastatrice, sans parler de la facture qui sera reportée sur la population au nom du si discutable principe du Too big to fail.

Opinions Édito Philippe Bach Ecologie

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