Édito

De la parole aux actes

Pas une journée ne se passe sans que la question du harcèlement sexuel ne revienne sur le devant de la scène. Pas plus tard qu’hier tombait la démission de Yannick Buttet, sous procédure pénale. Mais où sont les actes concrets propres à empêcher (toutes) les discriminations?
Face à l’ampleur des dénonciations et à la prise de conscience de la société, il devrait désormais être plus difficile d’étouffer une affaire de harcèlement. Pour que toutes les victimes de discrimination –  dont le harcèlement est l’une des formes – soient protégées, de vraies mesures restent pourtant nécessaires. Une récente étude montre ainsi une forte augmentation des discriminations liées à la maternité. Hier, un énième cas de licenciement post-accouchement était évoqué dans le Matin Dimanche. La conseillère nationale Rebecca Ruiz y souligne que Simonetta Sommaruga a proposé de durcir les sanctions contre les employeurs fautifs, mais que cette mesure a été remise à plus tard suite à… l’opposition du patronat. Les atermoiements de la même conseillère fédérale concernant les discriminations salariales réduisent l’espoir quant à des mesures fortes.
En France, les déclarations ont été plus énergiques. Emmanuel Macron a superbement déclaré les droits des femmes «cause nationale», décrétant des hausses de budgets. Sauf que celles-ci apparaissent comme poudre aux yeux pour les associations d’aide aux violences faites aux femmes. Le budget du secrétariat d’Etat dédié à l’égalité passera de 29,81 millions à 30 millions d’euros en 2018 – ce qui correspond à 0,007 % du budget total de l’Etat. Ces moyens suffiront-ils pour réaliser les mesures annoncées, alors que les appels reçus par certaines associations ont parfois doublés?
Médiatiquement parlant, l’indignation est spectaculaire. A l’aune de ces deux pays, les mesures concrètes semblent pourtant bien légères.

Opinions Édito Dominique Hartmann

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