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Les viols de la pensée!

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La focalisation sur des affaires sexuelles graves détourne l’attention d’agressions culturelles encore plus graves qui parfois les déclenchent. Peu m’importe que Tariq Ramadan ait couché ou pas avec des ex-élèves si elles étaient majeures et consentantes. Si elles ne l’étaient pas, c’est un crime ordinaire qui relève de la justice. Ce n’est malheureusement pas le seul et l’Islam n’est pas la seule religion concernée. Ce qui est plus grave, c’est que lui, son frère imam et tant d’autres prêchent l’infériorité et le mépris des femmes avec une conviction telle que l’on peut douter qu’elle n’ait pas influencé son enseignement dans une école publique censée respecter la neutralité religieuse.

Il est inadmissible que des enseignants préconisent l’étude non critique de textes anciens violents et/ou sexistes comme le Talmud, la Bible, la Charia ou le Coran, sans prévenir de jeunes lecteurs de leur antiquité et de leurs contenus sexistes ou contraires aux droits humains légalisés depuis. Quand ils n’incitent pas à la violence ou au meurtre pour des récompenses posthumes illusoires…

Il n’est pas acceptable que des enseignants renforcent les stéréotypes sur l’inégalité des sexes. Ou qu’ils refusent de critiquer des textes préconisant la lapidation pour adultère, le meurtre des homosexuels et des apostats, quand ce n’est pas de tous les infidèles. Que ce soit dans l’enseignement public ou privé, dans des cours de religion ou des prêches. Ces propositions inhumaines ne sont pas des délires d’intégristes psychotiques, mais ce qui est écrit dans les textes dits «sacrés», dont tous les croyants sont supposés accepter le contenu. Comme aucune autorité d’aucune religion n’envisage de déclarer caduc le moindre texte «sacré» contraire aux droits humains inscrits dans les constitutions des États, les dirigeants politiques, les intellectuels autoproclamés et les médias qui caressent ces religieux dans le sens du poil, pour des raisons électoralistes ou commerciales, sont aussi lâches qu’irresponsables.

Il est temps de dire clairement que la seule liberté de religion acceptable est la liberté de croyance, pas le droit d’imposer des croyances arbitraires ou violentes. Que des textes religieux qui appellent à la discrimination ou au meurtre doivent cesser d’être présentés comme prescriptifs, même à titre symbolique. Que la liberté de croyance s’arrête dès que la croyance enseigne le mépris ou la haine des autres. Que tout citoyen a le droit d’être informé de cette liberté de croyance et ce, dès l’enfance.

Ce qui suppose une formation prioritaire des parents et une action déterminée contre les prosélytismes sectaires de toutes les religions. Nous sommes loin du compte quand ces prosélytismes contredisent ou cherchent à interdire en partie l’enseignement des sciences ou des philosophies, imposent des mutilations sexuelles chez nous ou voudraient généraliser des pratiques alimentaires et vestimentaires arbitraires!

Les viols de la pensée ne se limitent pas au contexte religieux. Les manipulations du comportement par la publicité et le marketing y participent largement. En particulier depuis que les marchands, non contents de saturer l’espace public et les journaux d’images agressives et de textes idiots, s’imposent dans nos espaces intimes, dès que l’on use de technologies dont il devient impossible de se passer, ou de réseaux sociaux.

Par un ciblage et une intrusion toujours croissante de techniques de manipulation, les médias répandent des informations fausses, prescrivent des modes idiotes, induisent des votes contraires à l’intérêt général, violent la liberté de pensée et sabordent une démocratie de jour en jour plus illusoire.

Le monde de l’argent et le grand banditisme des multinationales méprisent tant le bien-être des plus démunis que les libertés et les droits de tous. Pour des profits ridicules à court terme, ils menacent de ruiner des millénaires de cheminement chaotique de la pensée humaine vers un monde plus intelligent, plus juste et durable.

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lundi 8 janvier 2018

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