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L’éthique, une boussole au service du patient

Avec Des repères pour choisir, Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien retraité, pose un regard humaniste sur notre sociétéJ. Martin, Des repères pour choisir, Lausanne, Socialinfo, 2017, 148 p..
Recension

Comment s’orienter face aux multiples défis rencontrés en médecine, mais aussi dans la société? Comment faire pour bien faire? Par son ouvrage, le Dr Jean Martin nous offre de partager ses réflexions. Ethicien engagé, ancien médecin cantonal vaudois, il se définit «d’extrême-centre, au nom de l’intérêt général». Ses textes explorent de nombreux thèmes actuels, au fil de rencontres et lectures qui l’ont touché, avec toujours en filigrane des valeurs humanistes.

Diverses situations et stades de vie sont évoqués, mettant en avant l’importance du dialogue et du contact humain pour soigner, mais aussi pour vivre ensemble. Le patient est reconnu dans sa globalité, incluant sa dimension existentielle et son contexte de vie. Une constante dans les textes: le respect inconditionnel de l’être humain, si fragile et si différent qu’il puisse être. Ce respect s’ancre au quotidien par une sagesse pratique pour toute prise de décision. «Chaque situation doit être considérée pour elle-même dans ses différentes dimensions, avec la personne concernée, en dialogue avec les proches signifiants.»

Durant son activité, Jean Martin a observé l’émergence de nombreuses questions éthiques. Il constate que les questions auxquelles il était soumis lors de sa formation restent d’actualité, d’une gravité croissante. «Malgré la multiplication des comités d’éthique, on traite surtout de questions partielles», sans consacrer «assez d’attention aux questions ‘surplombantes’ de l’évolution de la biomédecine et de la société.» L’auteur invite à une évolution de l’éthique: «A la dérive où nous mène la ‘Petite éthique’ actuelle, se substituerait le choix collectif d’options mûrement débattues. […] Sous peine de fin d’histoire, il faudra trouver les voies et moyens d’une ‘Grande éthique’ planétaire».

Pour Jean Martin, l’éthique devrait être au cœur de la société: elle va plus loin que la loi, par exemple, dans des situations légalement possibles mais éthiquement inacceptables. «Il ne serait pas bon de vouloir faire régler en détail par l’Etat tout ce qui se passe entre le professionnel et son malade: il y a des thèmes sur lesquels on pourrait (re)passer du droit à l’éthique.» Le bon sens et le souci constant de l’autre doivent rester au premier plan: «Les professionnels doivent se montrer dignes de la confiance que, cas échéant, on leur témoigne en renonçant à légiférer. […] Eviter d’élaborer des lois superflues demande une solide dose d’esprit et de compréhension civiques.»

Ayant débuté sa carrière dans l’humanitaire, Jean Martin ouvre sa réflexion sur une société globale. «Prendre la mesure des choses dans d’autres environnements!» Le monde se complexifie: «Intéressé depuis toujours à la marche du monde, je le vis aujourd’hui comme désemparé, ‘illisible’». Il met en avant «la coexistence pacifique et respectueuse entre cultures, ethnies, religions». Au-delà de la médecine, une autre ligne forte est l’engagement de l’auteur pour la protection du climat. Une forme de respect envers les générations futures.

* Médecin assistant en médecine interne au CHUV.

Opinions Agora Marc-Antoine Bornet Recension

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