Édito

Climat: une inertie criminelle

Ecologie

Fin 2015, la signature de l’Accord de Paris sur le climat était presque unanimement saluée autour du globe. Sur le principe en tout cas: 195 pays avaient enfin solennellement pris acte de l’urgence d’agir pour sauver la planète. Mais sur le fond, des voix s’élevaient déjà pour critiquer le manque d’ambition du texte. Alors que se tient actuellement à Bonn une nouvelle réunion mondiale, la COP23, visant à établir les règles permettant sa mise en œuvre, le constat est amer. Dans les faits, presque tout les pays traînent les pieds à l’heure de passer à l’action. Les Etats-Unis, eux, ont même annoncé leur intention de quitter le processus. Et de nombreuses délégations ralentissent les négociations actuelles.

Or, les engagements pris à Paris sont déjà insuffisants. Ils «couvrent seulement un tiers des mesures nécessaires pour éviter les conséquences les plus dramatiques des changements climatiques», a averti ONU Environnement (l’ex-PNUE) le 31 octobre, lors de la présentation de son dernier rapport.

Il ne suffit cependant pas d’accabler l’administration Trump, la Chine, ou les principaux pays pétroliers. Ce sont les plus mauvais élèves, certes, et il ne faut cesser de le rappeler. Mais comme le dénonce l’ONG The Climate Action Tracker (Le Courrier du 6 novembre) l’immense majorité des pays industrialisés – la Suisse et les membres de l’Union européennes compris – affichent un bilan largement insuffisant par rapport à leurs engagements.

Car les beaux discours des responsables politiques et les appels à la lutte contre le réchauffement sont légion. Mais ils restent généralement lettre morte ou sont suivis de reculades, sous la pressions des secteurs économiques qui verraient leurs chiffres d’affaires touchés par de réelles mesures. Surtout si celles-ci sont amenées à remettre en cause le sacro-saint modèle de croissance et déstabilisent le système capitaliste.

Lundi, ce sont 15 000 scientifiques qui ont lancé un cri d’alarme. Faute d’actions immédiates, concrètes et ambitieuses, les activités de l’homme conduiront «à de grandes souffrances humaines» et à «mutiler la planète de manière irrémédiable», explique leur appel publié dans la revue BioScience1 value="1">https://academic.oup.com/bioscience/article/4605229. Et d’ajouter: «Bientôt, il sera trop tard pour inverser cette tendances dangereuse.»

Le postulat n’est pas nouveau. De nombreuses voix le martèlent inlassablement depuis des années. Mais au vu de la gravité de la situation, du manque de courage politique et de la compromission de certains dirigeants face aux intérêts économiques à court terme, nous ne le répéterons jamais assez: il est nécessaire et urgent d’agir.

Notes[+]

Opinions Édito Gustavo Kuhn Ecologie

Connexion