Édito

Pas sur le dos des aînés

Vieillesse

La population suisse vieillit. Selon l’Office fédéral de la statistique, le nombre de personnes de plus de 80 ans devrait tripler entre 2010 et 2060. Parmi elles figurent bon nombre de futurs résidants d’EMS. Un véritable défi de société: ces établissements seront-ils adaptés pour y vivre non seulement vieux, mais surtout bien traités? Dans le canton de Genève, la volonté de sous-traiter une partie des services (cuisine et secteur hôtelier) laisse craindre le contraire.

Nettoyer une chambre et prendre le temps d’échanger avec le pensionnaire. Savoir gérer une personne atteinte d’Alzheimer. Adapter des repas aux besoins nutritifs. Nouer des liens et ne pas se contenter de fournir un simple service… Les personnes qui œuvrent dans le secteur hospitalier ne font pas «que» cuisiner, servir des plats ou changer des draps. Elles sont une présence au chevet de nos aînés et participent aussi à leur prise en charge. Elles comptent. Au même titre que le personnel soignant, d’ailleurs solidaire dans la contestation contre l’externalisation des services aux EMS de Notre-Dame et Plantamour.

Les métiers au contact du grand âge devraient être aussi gratifiants qu’ils sont essentiels. Or, la sous-traitance s’organise en vue d’économies financières. Elle entraîne – à terme en tout cas – des salaires plus bas ainsi que des conditions de travail plus difficiles, induisant un tournus plus fréquent du personnel. Elle diminue donc la qualité de vie des résidants. Au fil des années, des cas de négligences envers les personnes placées dans des homes ont suscité des vagues d’indignation. Exercer une pression supplémentaire sur le personnel, en exigeant de faire plus vite avec moins de moyens, laisse craindre une dégradation de la prise en charge.

Le service hôtelier n’est pas un «bonus» en EMS, il est essentiel au projet de vie des pensionnaires. Offrir des perspectives dignes à ses anciens n’est pas juste une obligation pour la société. Après s’être occupés des nouvelles générations, ils méritent mieux que de vivoter dans des établissements vidés peu à peu de tout contact humain en attendant qu’on leur serve un plateau-repas. Nos aînés nous ont élevés et nous forment encore. Ils contribuent eux aussi à notre société fascinée par le monde des «actifs». Il n’est pas question de les abandonner loin derrière nous.

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