Édito

La fin de la loi du silence

Violences sexuelles

Les témoignages s’accumulent à l’encontre de Tariq Ramadan. Face aux graves accusations de violences, agressions sexuelles, harcèlement, viols voire menace de mort, l’islamologue contre-attaque en dénonçant pour sa part calomnies et mensonges. Or les récits sont nombreux. Clairs, précis, ils se recoupent, laissent transparaître des schémas similaires. Ces témoignages décrivent une fascination pour l’aura intellectuelle de l’islamologue. Mais aussi une violence psychologique et physique inouïes. Pour au moins deux d’entre eux, déposés dans la foulée du mouvement #metoo (moi aussi) et donc de l’affaire Weinstein, Tariq Ramadan devra répondre de ses actes devant la justice française. Il se dit confiant. Les deux femmes ayant porté plainte également.

En revanche, la justice pénale ne se penchera jamais sur les faits – aujourd’hui prescrits –révélés samedi par La Tribunede Genève et corroborés par la RTS concernant ses anciennes élèves genevoises. Face à l’ampleur de ce qu’elles décrivent, le silence ne sera pas une réponse acceptable. Notamment de la part des instances de l’instruction publique, qui auraient été averties de plusieurs cas de harcèlement. Information apparemment restée bloquée quelque part entre la direction de l’établissement De Saussure et le Conseil d’Etat… L’affaire a-t-elle été enterrée? Minimisée? Classée? Une enquête sérieuse a-t-elle été menée? Quelles en étaient les conclusions? La transparence s’impose.

Il est essentiel, dans cette affaire, de rester centré sur les victimes. La tentation est grande, pour certains, d’utiliser la parole de ces femmes pour «se payer» une figure controversée de l’islam. Il est vrai que Tariq Ramadan porte une responsabilité particulière. Personnalité médiatique, il s’était lui-même attribué le rôle d’autorité morale, impliquant une conduite irréprochable. Surtout au vu de ses discours sur les femmes.

Ces nouvelles accusations nous rappellent que le phénomène touche toutes les sphères de la société et qu’il n’est pas acceptable de profiter de sa position dominante ou de son aura intellectuelle pour contraindre une femme à avoir des relations sexuelles. Elles confirment que la lutte féministe contre toutes les formes du patriarcat se poursuit. Plus nécessaire que jamais.

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