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Le Venezuela s’offre un répit

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Le chavisme officiel qui se refait une santé dans les urnes… La nouvelle pourra surprendre, tant le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro était apparu aux abois, ce printemps, face aux manifestations et à la crise économique extrêmement aigue. La séquence était pourtant attendue: les régionales de dimanche, marquées par le succès des candidats socialistes dans 17 Etats sur 23, closent le calamiteux épisode de la violence de rue ouvert en avril par l’opposition.

En réalité, l’échec de cette stratégie de la tension était acté depuis août dernier, lorsque la MUD, la coalition d’opposition allant du centre à l’extrême droite, avait accepté, à peine l’Assemblée constituante installée, de participer au scrutin suivant. Après avoir vilipendé le Conseil national électoral (CNE) et la crédibilité du vote au Venezuela, l’opposition rentrait soudainement dans le rang, tirant le bilan de l’impopularité des violences et de son incapacité à renverser Nicolas Maduro par la force.

Dimanche, l’opposition a pu surveiller le scrutin et s’assurer de sa fiabilité, maintes fois confirmée par des observateurs neutres, à l’instar du Centre Carter. S’il restera finalement un doute quant à la validité de l’élection du 30 juillet à la Constituante – doute provoqué notamment par le boycott de l’opposition –, la victoire du Parti socialiste unifié (PSUV) ce week-end est manifeste. La «non-reconnaissance» des résultats dans le camp de la MUD et l’acceptation du recomptage par le gouvernement font partie du folklore habituel destiné aux médias internationaux et aux chancelleries. Les rares «irrégularités» dénoncées concernent quelque 270 locaux de vote dans des bastions de l’opposition qui auraient été «déplacés» pour «tromper» le votant ou pour des raisons sécuritaires, suite aux violences de juillet dernier, selon le CNE. Péripéties qui ne remettent pas en cause les dix points d’avance séparant le PSUV de la MUD, qui plus est dans un contexte de forte participation (61%) pour une élection locale.

Dès lors, comment expliquer ce succès? En premier lieu, par la crainte que l’instabilité politique n’aggrave encore la crise économique affectant le Venezuela. Il y a fort à parier qu’une frange de l’électorat du PSUV qui lui avait tourné le dos lors des législatives de décembre 2015 soit revenue au bercail.

A contrario, la MUD a sans doute vu une partie de ses anciens soutiens bouder les urnes, en signe de sanction contre les méthodes insurrectionnelles défendues au printemps par ses dirigeants. Ou en réaction à une stratégie pour le moins déconcertante: comment convaincre des électeurs de se rendre massivement aux urnes en octobre alors que trois mois plus tôt, on les invitait à boycotter le piège électoral d’une «dictature»? La défaite de la MUD dans l’Etat de Miranda, bastion de l’ancien candidat à la présidentielle Henrique Capriles et second Etat le plus abstentionniste, ne s’explique pas autrement.

Nicolas Maduro, à un an de la présidentielle, peut donc savourer une victoire de bon augure. Sans pour autant se bercer d’illusions. Les difficultés économiques écrasent toujours la population et les défauts du régime (faiblesse des contrepouvoirs, corruption, violence endémique, intolérance à la critique, productivité en berne) demeurent intacts. Dans douze mois, les errements de la MUD seront peut-être oubliés. Et la participation sans doute bien supérieure. Pour l’emporter, un chavisme fidèle à ses valeurs devra proposer un projet mobilisateur. Nicolas Maduro s’est gagné un répit: l’heure de la remise en question? I

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Crise au Venezuela

mardi 26 février 2019
La pression monte sur le gouvernement de Nicolas Maduro, depuis que le leader de l’opposition, Juan Guaidó, s’est autoproclamé président avec le soutien des puissances occidentales.

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