Chroniques

Pour l’avenir de nos enfants

AU PIED DU MUR

Un vieux lecteur du Courrier m’a écrit une lettre dans laquelle il m’interpelle: «Vos articles, souvent critiques à l’égard d’Israël, sont-ils vraiment bénéfiques, dans l’esprit des lecteurs, à la cause de votre pays? En d’autres termes, est-il utile à Israël, dans les circonstances actuelles, de laver son linge sale en public? Pour ma part, je me permets d’en douter […]» Cette interpellation mérite réponse, dans les pages de ce qu’il appelle son «quotidien favori».

Je ne sais pas si mon lecteur est père de famille. S’il l’est, il n’est pas sans savoir que le plus mauvais service qu’on peut rendre à ses enfants, c’est de permettre l’impunité. Mettre en garde et, s’il le faut, sanctionner sont des actes de responsabilité – j’oserai dire d’amour – pour ses enfants. Il en va de même avec des amis, qu’il faut parfois ramener dans le droit chemin quand ils se sont égarés.

Les faux amis d’Israël sont ceux qui laissent faire – voire poussent – à la faute, comme ces évangélistes étasuniens qui, derrière leur soutien inconditionnel aux politiques les plus délirantes des dirigeants israéliens (une éventuelle attaque de l’Iran, par exemple), aspirent à la destruction d’Israël… pour hâter le retour du Messie.

Ma critique de la politique israélienne est à mes yeux un acte citoyen et responsable. Au sein de ma propre société, bien sûr, mais aussi à l’extérieur, comme par exemple dans les pages du Courrier. Je ne pense pas que la situation évoluera dans le bon sens sans de fortes pressions internationales. C’est ainsi que les choses ont bougé dans la Grèce des colonels, l’Espagne franquiste ou l’Afrique du Sud. Pressions internationales et initiatives de boycott sont des outils utilisés régulièrement en politique internationale, comme cela a été le cas pour les Jeux olympiques de Pékin ou en Russie. Je ne vois donc pas pourquoi, dans le cas du conflit colonial en Palestine/Israël, ces mêmes outils seraient inappropriés.

Au contraire de ce qu’affirme notre lecteur, ce sont les pressions internationales qui, entre autres, font bouger les choses à l’intérieur. D’où l’importance non seulement de la critique écrite et orale, mais surtout de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions). Participer à cette campagne n’est pas seulement faire justice au peuple palestinien, mais aussi aider le peuple israélien à se ressaisir et à comprendre que rien de bon ne peut sortir de l’occupation coloniale pour les générations à venir.

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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