Édito

Réponse à l’uberisation fiscale

Fiscalité

Taxons les revenus du capital: la Jeunesse socialiste suisse lance une initiative contre la spéculation. Oh, bien sûr, il s’agit d’un texte de combat, dont les chances d’aboutir sont relativement minces. Mais il remet au centre du débat des tendances lourdes de nos rapports de production.

Celles-ci entraînent une détérioration du partage des richesses qui vont de plus en plus au capital et de moins en moins à ceux qui produisent ces richesses, à savoir le revenu du travail. Dans les pays de l’OCDE, depuis les années quatre-vingts et le début de la contre-révolution libérale, la part qui va au travail a perdu près de dix points au profit des revenus du capital. Et ce n’est pas l’uberisation de l’économie – dernier avatar de la mondialisation – qui va améliorer la situation.

Or, la charge fiscale tend de plus en plus à se porter sur cette part du gâteau qui diminue. Au nom de la sacro-sainte compétitivité fiscale, les allégements succèdent aux allégements quand il est question de faire jouer à l’impôt son rôle redistributeur. Inversement, il est tellement facile de mettre à contribution la TVA qui frappe plus lourdement les bas revenus qui n’ont, de plus, pas la possibilité «d’optimiser» leur taux ­d’imposition fiscale.

En cela, le débat ouvert par cette initiative est plus que nécessaire. Il pose la question démocratique de la répartition des richesses et de la financiarisation de nos économies. Car, ce qui serait taxé par l’initiative de la JSS, ce sont les gains en capitaux, la pure spéculation. A l’inverse, le mécanisme proposé valorise les fortunes qui investissent dans l’appareil productif et créent les vraies richesses de demain. Même d’un point de vue libéral, il serait possible de le défendre.

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