Édito

Des primes d’automne

Assurance maladie

Inexorable, vertigineuse, accablante… Les épithètes ne manquent pas pour qualifier la hausse des primes d’assurance-maladie, devenue un rituel automnal suisse immuable.

Or il y a urgence. La population n’en peut plus, ces primes sont sur toutes les lèvres et la colère ne cesse de monter. Les augmentations sont devenues insoutenables pour bien des ménages en Suisse. Le Centre social protestant observe qu’une immense partie des dettes de la classe moyenne inférieure est due à des arriérés de primes. En communiquant, hier, une hausse moyenne suisse de 4%, le ministre de la Santé, Alain Berset, annonçait une nouvelle pression sur le budget de personnes déjà fragilisées.

«On est un peu en dessous de la moyenne des vingt dernières années qui est de 4,6%», a expliqué le conseiller fédéral. La phrase montre que le fait de voir les factures gonfler d’année en année est devenu une norme bien intégrée. Et la donne ne risque pas de changer avec l’arrivée au sein du Conseil fédéral d’Igniazio Cassis – payé en partie par la faîtière d’assureurs Curafutura qui continuera à lui verser des dizaines de milliers de francs par an, comme l’expliquait la RTS au mois d’août.

Cette hausse des primes, nous explique-t-on, est liée à celle des coûts de la santé. La faute reviendrait à l’offre de prestations, parfois inutiles. Tout doit être fait pour renforcer la médecine générale et limiter les interventions superflues de spécialistes, qui font grimper la facture. Mais selon les chiffres de l’OCDE, les Suisses ne sont pas ceux qui consultent le plus. Ils totalisent 3,9 visites médicales annuelles, contre 6,6 en moyenne des pays étudiés, loin derrière l’Allemagne, par exemple, à 9,9. En revanche, les dépenses de santé par personne y sont parmi les plus élevées: avec 8000 francs par personne et par an, la Suisse se hisse au second rang juste derrière les Etats-Unis (9800 francs). L’Allemagne est à 5500 francs.

Reste qu’en vingt ans, les primes ont augmenté de plus de 150%. Et on ne peut pas en dire autant des salaires. Peut-être faudrait-il donc commencer à lier les deux, par exemple en cherchant à indexer la hausse des primes sur l’indice des salaires?

D’autres suggestions sont en gestation. Pas moins de cinq initiatives populaires circulent actuellement. Pour des soins infirmiers forts, contre le lobby des assureurs en politique, pour des caisses cantonales publiques ou encore pour limiter les primes à 10% du revenu disponible d’un ménage… Toutes méritent d’être défendues. Malheureusement, la partie n’est pas gagnée. On se souvient du sort réservé – à la suite d’intenses pressions de la droite et des milieux des assurances – aux initiatives pour des caisses «unique» ou publique. I

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