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La Suisse à l’ONU ou le dépassement de l’Alleingang

Le 10 septembre prochain marquera les quinze ans de l’adhésion officielle de la Suisse à l’ONU. L’occasion, pour Sebastian Justiniano Birchler, président de l’Association Suisse-ONU, de rappeler les valeurs défendues par les Nations Unies.
Nations Unies

Comment vivre ensemble au plan mondial? La Charte des Nations Unies répond à cette question aussi fondamentale hier qu’aujourd’hui par les valeurs suivantes: égalité entre les peuples, entre Etats, entre individus, entre hommes et femmes, dignité humaine, droits et libertés fondamentales. Ensemble, elles constituent le socle sur lequel se sont fondées les Nations Unies pour relever le défi perpétuel d’un monde de paix.

Jusqu’à l’acceptation de l’initiative sur l’adhésion à l’ONU en 2002, la Suisse s’était pourtant démocratiquement contrainte dans un rôle d’observatrice. En acceptant leur appartenance politique au monde, les Suissesses et Suisses répondaient enfin à l’appel au dépassement de l’Alleingang, cette voie solitaire privilégiée pendant plus d’un demi-siècle. Sans appartenance, il ne peut y avoir ni solidarité ni défense de valeurs et d’intérêts, soient-ils universels ou particuliers.
De nos jours, nos utopistes de l’Alleingang poursuivent encore leurs tentatives inlassables d’isoler la Suisse en cherchant à lui enlever les moyens effectifs de son appartenance mondiale, tel que le droit international ou le financement de sa coopération internationale.

L’Alleingang est une utopie tenace, vorace et féroce à laquelle les Nations Unies font barrage continuellement. Elle affaiblit notre égalité et notre liberté là où il faudrait les renforcer. La seule existence des Nations Unies est une victoire quotidienne, néanmoins fragile. Elle oblige à nous rappeler chaque jour combien il importe de dépasser la marche solitaire dans laquelle nous sommes tous parfois tentés de nous réfugier, par facilité, par peur, par incertitude, par colère.

A l’heure où les tensions internationales s’accroissent sous le double effet de crises économiques et politiques d’ampleur dans plusieurs régions du monde, il nous faut plus d’ONU dans le monde. Et pour cela redonner sens et corps à ses valeurs essentielles qui sont les nôtres. Comme citoyennes et citoyens, il faut élever nos voix lorsqu’elles sont mises à mal par tel Etat ou tel groupe et rappeler que l’ONU est prioritairement au service de chacun de nous, de nos droits, de notre bien-être, de notre paix et non des gouvernements.

Comme habitantes et habitants de la Suisse – ce pays privilégié construit sur l’altérité – il nous appartient aussi de demander plus de Suisse à l’ONU, d’y montrer que la solidarité fait partie de notre ADN, qu’elle ne s’arrête nullement ni aux frontières de nos cantons ni du pays, de s’engager pour rendre possible le vivre ensemble à l’échelle du monde.

Dans quelques années, la Suisse participera peut-être au repositionnement et à la réorientation du Conseil de sécurité en un Conseil de paix, si sa candidature à un siège non permanent en 2023/24 aboutit. Mais avant cela, la Suisse doit passer son examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme, cette année. Un exemple parmi d’autres du rôle de garant de nos droits que joue l’ONU quotidiennement.

* Président de l’Association Suisse-ONU.

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