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La loi de la jungle au travail

France

Le gouvernement français a choisi son camp. Le but de sa nouvelle réforme de la loi Travail est annoncé: «résoudre les problèmes qui se posent aux entreprises». Pour «résoudre les problèmes qu’affrontent les plus précaires», on repassera.

Les populations les plus fragiles semblent n’avoir aucun intérêt pour Emmanuel Macron, sauf pour ratiboiser leurs maigres soutiens, comme on l’a vu dans la réduction de l’aide personnalisée au logement (APL). Dans la même veine, celui qui affirme vouloir réduire les inégalités ne s’est pas privé de diminuer l’impôt sur les sociétés de 11 milliards d’euros d’ici à 2022. Son premier ministre Edouard Philippe a annoncé une diminution de la taxe d’habitation (3 milliards d’euros), et le remplacement du fameux ISF (impôt de solidarité sur la fortune) en un impôt sur la fortune immobilière (4 milliards d’euros).

Mais diminuer les taxes pour les plus riches et les aides pour les plus pauvres ne suffisait pas. Encore fallait-il mettre sa patte dans le démantèlement du droit du travail – œuvre bien avancée par les gouvernements précédents et à laquelle Emmanuel Macron a déjà activement pris part sous François Hollande – et poursuivre la fameuse «flexibilisation du marché». Licencier plus facilement, plafonner les indemnités aux Prud’hommes, ne plus prendre en compte la santé d’une multinationale dans son ensemble mais seulement sa partie française lors de plans sociaux… Cette nouvelle mouture comporte des régressions que rien ne suffira à pallier.

Hier soir, après que ces mesures ont enfin été dévoilées, l’appel à la mobilisation le 12 septembre a résonné. Attac France dénonçait la «généralisation des salarié-e-s jetables». «Grand recul social» pour le Parti communiste, «agression caractérisée sortie de la cuisse de Jupiter» côté France insoumise…

A droite, on jubile. Le patron du Medef Pierre Gattaz a même prié le président de «ne rien lâcher». Tout ce petit monde rêve d’une patrie à l’allemande, où la dérégulation du marché du travail tourne à plein régime depuis des années. Un article du Monde Diplomatique nous rappelle toutefois ces jours qu’entre 2003 et 2005, la coalition Parti social-démocrate (SPD) – Verts de Gerhard Schröder a «transformé le filet de sécurité des acquis sociaux en un tremplin vers la responsabilité individuelle». Avec pour résultat l’explosion du nombre de précaires.

International Opinions Actualité Édito Laura Drompt France

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