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Etudiants dans la bulle financière

 
Crise financière

L’anniversaire se fête sans champagne. Il y a dix ans éclatait en Europe la bulle des «subprime» soufflée par les Etats-Unis. On ne savait pas encore, à l’époque, qu’elle plongerait plusieurs pays dans la crise à coups de plans d’austérité et de récession. Ni que la Confédération se risquerait à investir 6 milliards de francs pour recapitaliser l’UBS, impliquée dans les hypothèques à hauts risques outre-Atlantique. Mais en dix ans, a-t-on appris de nos erreurs? Pas sûr.

De nouvelles bulles se développent, et les économistes guettent le prochain séisme financier. Ils ont en ligne de mire les prêts étudiants: depuis plusieurs mois, cette dette gonfle dans les pays anglo-saxons. Aux Etats-Unis, elle est passée à 1260 milliards de dollars en 2016 contre 260 milliards en 20041 value="1">Crise de la dette étudiante, la grosse bulle qui monte aux Etats-Unis, Libération, 18 septembre 2016.. En Grande-Bretagne, elle vient de franchir les 100 milliards de livres2 value="2">Student debt: what is going on with the student loans company?, The Guardian, 5 août 2017..

Dans ces pays, le même constat: il faudrait une vie entière pour rembourser les coûts de l’université. Le prêt moyen est d’environ 30 000 dollars, qui peut monter à 80 000 ou 100 000 dollars… Avec des intérêts atteignant les 13%. Sur les 43 millions de personnes ayant contracté de telles dettes, 10% sont en défaut de paiement aux Etats-Unis contre 6,3% en 2004. Des signaux inquiétants, qui plombent les classes moyennes et ouvrières.

En Suisse, nous n’en sommes pas encore à ces niveaux. Selon l’Office fédéral de la statistique, 13% des étudiants s’endettent pour leurs études. En 2015, les cantons ont accordé 17 millions de francs de prêts à 2300 jeunes – soit moins de 8000 francs en moyenne.

Reste que débuter dans la vie par une dette à rembourser est risqué. Et le système, qui tend à faire augmenter les taxes d’études tout en diminuant les montants des bourses et en encourageant les emprunts, profondément inégalitaire. En 2014 déjà, l’économiste antilibéral Eric Berr dénonçait ainsi une «éducation-marchandise dont les étudiants sont sommés de prendre à leur charge une part de plus en plus importante».

La précarisation des jeunes diplômés est en marche. Alors que l’université devrait être un tremplin, un moyen d’émancipation, elle se transforme en boulet pour certains. Loin d’être celui des seuls étudiants, ce problème est une bombe à retardement pour l’ensemble de la collectivité. De quoi relancer le débat sur la gratuité des études.

 

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