Chroniques

Chabadabada

Une lectrice commande un texte pour une amie qui aime les chats.

Françoise avait eu plusieurs chats, de gouttière, de race, elle en avait eu de toutes sortes. Elle les aimait tous. Pour leur indépendance, leur légère insolence, leur flegme contagieux.

A chaque départ, son cœur se déchirait, elle se disait «c’est trop dur, je ne prendrais plus de chat» et puis elle oubliait et adoptait le chaton d’une amie. De chats en chats, elle était arrivée à soixante ans sans même y penser. Ils avaient tous compté, beaux ou borgnes, caractériels ou câlins, elle se souvenait de chacun et de son fusain les croquait à tout bout de champ. Dans un étirement gracile, un bâillement désinvolte, son crayon dansait sur la feuille qu’elle épinglait aussitôt dans «la chambre aux chats» comme l’avait baptisée une de ses amies.

Les murs s’étaient peu à peu recouverts et il n’y avait plus eu de place pour les nouvelles créations. «Je dois les trier» se dit-elle «mais que choisir? Qui peut dire ce qui est le mieux. Chaque croquis a sa valeur, son histoire, tout comme les chats et comme toutes choses» pensa-t-elle. S’entama alors une superposition de dessins dans la chambre aux chats, rien ne fut enlevé et par couches successives, elle réalisa que de croquettes en croquis, toute la vie était là. CF

Opinions Chroniques collectif d’auteurs Caractères mobiles

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Chroniques de Montricher

lundi 17 juillet 2017
Dans le cadre d’une résidence d’été à la Fondation Michalski, le collectif d’auteurs Caractères mobiles écrit des textes littéraires sur commande pour vous, lectrices et lecteurs du Courrier, sur...

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