Genève

Attention, un PLR peut en cacher un autre

Conseil fédéral

Pierre Maudet au Conseil fédéral? Quelles sont ses chances de convaincre l’Assemblée fédérale de le désigner cet automne? Cette dernière risque de lui préférer Ignazio Cassis, chef du groupe PLR aux Chambres, président du lobby des assureurs-maladie Cura-futura et poulain du Tessin, non représenté au gouvernement depuis 1999. Car le système de cooptation est une recette helvétique aussi folklorique que peu démocratique. Si le peuple y mettait son grain de sel, la perspective scandaleuse de voir le lobby des assureurs siéger au plus haut échelon politique serait peut-être moins grande. Reste que rien n’est joué.

Véritable bête politique, Pierre Maudet est ambitieux, compétent, a siégé dix ans dans des exécutifs et propose une vision politique claire. A la tête de la Sécurité, il a fait aboutir des réformes, là où ses prédécesseurs se sont cassé les dents – bien qu’il se soit mis la police à dos.

Mais est-il vraiment l’homme providentiel? Au bout du lac, l’enthousiasme est tel qu’on va jusqu’à voir en lui le candidat de la rupture (l’édito de la Tribune de Genève du 5 août). Ce doit être l’effet Macron. Il ne suffit pas que ce représentant du système néolibéral soit jeune et enquiquine un peu Uber pour nous faire rêver d’une Suisse moins cynique!

Certes, il a un peu renforcé à Genève les inspections du travail… Une goutte d’eau alors qu’il veut sauver la libre circulation des personnes sans remise en question fondamentale des dérives ultralibérales de l’Europe. Et ne lui parlez pas des droits humains ou syndicaux, quand il promeut en Chine la place économique genevoise! L’opération Papyrus de régularisation des sans-papiers? Il se vante en même temps d’avoir triplé le nombre de renvois.

Pierre Maudet, moins de 40 ans, qui a défendu le vote des étrangers sur le plan communal, est ouvert d’esprit. Mais s’il sortait comme les «jeunes», aurait-il corseté les nuits genevoises dans une bureaucratique loi sur les débits de boisson?

Capitaine à l’armée, il dirige ses fonctionnaires de façon très exigeante, voire autoritaire, et cultive une détestation de ce qui n’entre pas dans le rang. Ainsi a-t-il cherché à mettre l’Usine au pas pour une question idiote de paperasserie. Cela a mis le feu aux poudres. Et quand des délinquants ont saccagé des bâtiments, Pierre Maudet – avec le Conseil d’Etat – a fait porter le chapeau au numéro deux de la police, dont l’humiliante dégradation a été annulée par la justice. La cheffe du Service d’application des peines et mesures a aussi été réhabilitée par la justice (affaire Adeline). Le – trop? – compétent directeur de Champ-Dollon a, lui, été déplacé vers le haut.

Alors, la vraie question: Cassis, Moret, de Quattro ou Maudet? Quel PLR attaquera le moins les acquis sociaux?

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