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Terrain acide

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Comme souvent sur le net, c’est une vidéo choc qui a déclenché l’affaire. Son titre: «J’ai déversé de l’acide d’ArcelorMittal en pleine nature.» Les images filmées au smartphone sont commentées par un chauffeur de camion, dépité, obligé d’ouvrir les vannes de son réservoir et laissant s’échapper un liquide jaune fluo dans des vapeurs toxiques à Florange, en Moselle. Tous les jours, il y vient avec 28 m3 d’acide utilisé pour traiter l’acier.

Depuis leur diffusion le 3 juillet dernier, les images circulent, reprises par les médias, réveillant les consciences. Le chauffeur a expliqué avoir dénoncé les faits à l’interne, sans succès. Comme la plupart des lanceurs d’alerte, il se retrouve aujourd’hui isolé, licencié pour rupture de «discrétion commerciale». Si son histoire a suscité un immense élan de solidarité sur internet, elle rappelle que les protections manquent pour les témoins de dérives industrielles ou étatiques.

La direction d’ArcelorMittal a pour sa part affirmé d’abord n’être «en aucun cas à l’origine de prétendus déversements irréguliers». Cela lui semblait «factuellement improbable» et, de toute façon, le site était «imperméable aux infiltrations». Comme les nuages radioactifs savent contourner la France, l’acide sait y rester en surface sans contaminer les nappes phréatiques. Une enquête a été ouverte, mais l’usine reste affirmative, «d’ores et déjà certaine qu’aucun acide pur n’a été déversé dans la zone de stockage».

Les habitants, eux, demandent la transparence sur les dégâts écologiques et les procédés qui les ont causés dans une pétition1 value="1">«Pour une enquête et l’arrêt des rejets d’acide sur le site de Florange par ArcelorMittal» sur www.change.org signée par près de 13 000 personnes. «La faute ne peut pas être mise sur le dos unique des sous-traitants. Il faut savoir d’où viennent les ordres et qui a fermé les yeux.» Le texte enjoint Emmanuel Macron et Nicolas Hulot à «prendre position sur ce nouveau scandale écologique». Si prompt à jeter des «make our planet great again» face à Donald Trump sous l’œil des caméras, le président français ne s’est pas précipité sur ce dossier. Dans sa vidéo, le chauffeur appelait l’Etat français à ses responsabilités. Mais les gouvernements semblent plus doués pour donner des leçons que pour prendre des mesures envers les géants industriels qui polluent leurs sols. I

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