Chroniques

A nouveau la Grèce

(Re)penser l'économie

Si la Grèce est sortie des écrans radars des médias, la situation économique de ce pays est toujours aussi grave. Voici sept ans qu’il est sous perfusion des instances européennes et du FMI avec un résultat proche de zéro. Certes, le solde primaire de l’Etat grec (avant le paiement des charges de la dette) est redevenu positif mais avec des conséquences tragiques pour la population: baisse de moitié des retraites, des salaires et des prestations publiques, hausse de la TVA notamment. De nombreux Grecs sont partis à l’étranger et la population diminue. Le rétablissement des comptes a été payé par les Grecs sans que les créanciers ne soient mis à contribution.

Rappelons que la dette grecque qui était à l’origine aux mains de privés, les banques allemandes et françaises principalement, a été transférée pour l’essentiel à la Banque centrale européenne. En se montrant bon élève, le gouvernement espérait que les gouvernements européens, le gouvernement allemand en particulier, allaient entrer en matière sur une réduction de la dette. Il n’en a rien été. Le troisième plan d’aide adopté en 2015 de 86 milliards d’euros se poursuit avec un versement de 8,5 milliards pour permettre à la Grèce d’honorer le paiement des intérêts de sa dette sans que cette dernière ne diminue d’un euro. Mais surtout sans aucune remise d’une partie de la dette qui est reportée à plus tard.

Le FMI lui-même admet depuis plusieurs mois que la hauteur de la dette est insupportable (180% du PIB.) et qu’il faut trouver des mesures d’allègement. Ce d’autant plus qu’une analyse de la dette a montré qu’elle est, en bonne partie, illégitime. Par exemple des prêts ont été accordés pour l’achat de matériel militaire dont le pays n’avait aucunement besoin ainsi que pour des dépenses pharaoniques en vue des Jeux olympiques.

L’orthodoxie néolibérale prévaut toujours même si la politique appliquée à la Grèce démontre jour après jour qu’elle est inefficace en termes économiques et inadmissible sur le plan humain. La croissance était toujours négative en 2016, malgré un développement du tourisme sans précédent, et le taux de chômage dépassait les 23%. Depuis huit ans le PIB. du pays a baissé d’un quart!

Lors du référendum, la majorité des votants a choisi de ne pas accepter le plan d’austérité. Il apparaît que si le gouvernement avait fait un autre choix que de se soumettre aux contraintes européennes, il est vraisemblable que la situation serait meilleure aujourd’hui et que la population ne souffrirait pas davantage. La suspension du paiement de la dette est une mesure qui aurait pu être utilisée pour négocier dans un rapport de force différent avec les instances européennes. Enfin, une sortie de l’euro aurait rendu l’économie grecque bien plus compétitive, en raison de la dévaluation qu’elle aurait entraînée, sans exercer une pression déflationniste sur les salaires et les retraites. Mais on ne refait pas l’histoire.

Dans tous les cas, les remèdes qui ont été adoptés ont démontré qu’ils étaient inefficaces et qu’ils ne permettent toujours pas à la Grèce de sortir de la crise. Celle-ci pourrait d’ailleurs bien rebondir dans les mois qui viennent au vu de la colossale dette privée que les acteurs économiques ont toujours plus de peine à assumer.

Opinions Chroniques Bernard Clerc

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lundi 8 janvier 2018

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