On nous écrit

Vie menacée

Nguyên Hoàng Bao Viêt transmet son inquiétude au sujet de la situation du poète chinois Liu Xiaobo, gravement malade.

Atteint d’un cancer terminal du foie, notre ami et frère de plume chinois Liu Xiaobo, 62 ans, Prix Nobel de la paix en 2010, a été remis en liberté sur parole après avoir purgé 7 ans sur 11 ans de prison pour «subversion du pouvoir de l’Etat». Les autorités chinoises ne peuvent pas nier leur lourde responsabilité en privant Liu Xiaobo de liberté pendant si longtemps sans avoir permis au prisonnier d’opinion et de conscience malade de recevoir des traitements médicaux nécessaires et urgents.

Pour rappel, ancien président du Centre PEN Chinois Indépendant, Liu Xiaobo a été arrêté et condamné pour avoir signé la Charte 08, déclaration collective exprimant le besoin de réformes politiques et de respect des droits de l’homme en Chine. Liu Xiaobo est l’un de nombreux écrivains détenus ou persécutés depuis que la Charte 08 ait été lancée et une lettre ouverte envoyée au Comité permanent du Congrès national du peuple pour qu’il ratifie le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR). Depuis, plus de 10 000 écrivains, érudits, journalistes et simples citoyens chinois ont publiquement signé cette déclaration, qui se réfère ouvertement à la Charte 77 des intellectuels tchécoslovaques publiée en janvier 1977.
Selon ses avocats, son état de santé semble très critique. Le diagnostic était connu le 23 mai 2017 et sa libération sur parole avait été annoncée quelques jours plus tard. Cette libération conditionnelle va lui permettre d’être soigné dans un hôpital à Shenyang en Chine. Les dirigeants de Pékin n’ont aucune envie de voir ce Nobel de la paix mourir en prison.

Membres de la communauté de PEN International, nous nous sommes réjouis que notre ami et frère de plume Liu Xiaobo soit sorti de cette funeste prison. Malheureusement, il est toujours détenu dans cet univers concentrationnaire. Nous regrettons avec indignation et tristesse qu’il ait fallu que Liu Xiaobo souffre douloureusement d’une grave maladie pour que les autorités chinoises décident de le libérer sur parole. En vérité, Liu Xiaobo n’a fait qu’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression et n’aurait jamais dû être emprisonné et séparé de sa brave femme Liu Xia, poète aussi, durant tant d’années. De plus, Liu Xia vit en résidence surveillée depuis l’attribution du Prix Nobel de la paix à son époux. Elle souffrirait de grave dépression et sa santé serait très fragile.
Depuis son emprisonnement, Liu Xiabo est devenu un sujet de préoccupation majeure pour le Comité des écrivains en prison (Writers in prison committee) de PEN International et ses membres. Il a été soutenu par des Centres PEN connus pour leurs engagements à défendre la liberté d’expression et à aider les écrivains persécutés en raison de leurs écrits ou leur opinions, tel que PEN Suisse Romand.

Le Centre PEN Suisse Romand ne cesse de travailler avec PEN International et d’autres organisations et institutions internationales pour la libération de Liu Xiaobo. Nous sommes aussi en collaboration étroite avec le Centre PEN Chinois Indépendant dont Liu Xiaobo était président et membre du Comité exécutif.
Aujourd’hui, nous nous joignons à PEN International pour exprimer nos profondes inquiétudes sur l’état de santé de Liu Xiaobo et demander instamment au gouvernement de la République populaire de Chine
– de libérer de toute urgence Liu Xiaobo sans conditions, ainsi que sa femme Liu Xia placée en sévère résidence surveillée et souffrant de graves dépressions depuis sa condamnation en décembre 2009;
– de garantir à Liu Xiaobo et sa femme Liu Xia, leur droit à la liberté de circulation et au libre accès aux soins médicaux adéquats de leur choix, conformément à la Constitution de leur pays et aux obligations de la Chine envers les Conventions internationales;
– de libérer immédiatement et sans conditions tous les écrivains, journalistes, éditeurs et traducteurs emprisonnés en violation de leur droit à la liberté d’expression en République populaire de Chine;
– et de ratifier sans délai le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Nous saluons Liu Xiaobo et Liu Xia, avec nos pensées affectueuses. Nous leur formulons nos meilleurs vœux pour leur bonheur (brisé) retrouvé, leur santé (menacée) à restaurer et leur rayons de soleil de liberté (cachés) réapparus, encore timidement.

Opinions On nous écrit Nguyen Hoang Bao Viet

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