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L’opposition dans la rue

France

Un raz-de-marée? Une vague? Quelle que soit l’expression choisie, les premiers résultats des élections législatives indiquent que les Français donneraient, comme ils en ont l’habitude, une majorité confortable au président qu’ils ont désigné il y a un mois. Ce scrutin est marqué par une abstention record de plus de 50%, témoignant du peu d’enthousiasme soulevé par le programme libéral de la République En Marche. Les Républicains récoltent des miettes, alors que la gauche, de même que le Front National, sont condamnés à faire de la figuration.

Emmanuel Macron a réussi son coup. Il aura été bien aidé par le bilan catastrophique de son prédécesseur, François Hollande, qui a laissé son propre camp en ruines après avoir renié le programme socialiste pendant cinq ans. Face à la faiblesse de l’opposition sur sa gauche, le nouveau président de la République n’avait finalement qu’à combattre sur un seul front, à sa droite. En nommant des personnalités issues des Républicains aux postes clés de son gouvernement – à Matignon, au budget et à l’économie – il est parvenu à savonner la planche de la concurrence. Alors que les différences entre les deux programmes ne sautaient pas aux yeux, la tâche s’est avérée encore plus aisée.

Du point de vue de la gauche, le résultat des Républicains, dans une semaine, importe peu. Seul ou accompagné, En Marche aura une large majorité à l’Assemblée nationale pour voter des réforme de dérégulation, visant dans un premier temps à démanteler le code du travail. Emmanuel Macron ne s’en est jamais caché. Il veut achever ce que François Hollande a initié à la fin de son mandat. Au programme: priorité des accords d’entreprises sur les normes nationales, plafonnement des indemnités accordées par les prud’hommes aux salariés lésés, refonte du système de l’assurance chômage, etc. Aucun député de droite ne pourra s’opposer à des mesures qui font baver d’envie le Medef, le lobby du patronat, depuis des lustres. Par ailleurs, la volonté du gouvernement de normaliser l’état d’urgence ou de réduire le nombre de fonctionnaires n’est pas de nature à rassurer.

Pour les défenseurs des acquis sociaux, la lutte promet d’être rude. Y aura-t-il suffisamment d’élus au parlement afin d’assurer une visibilité et des fonds à la contestation politique? Le PS et la France insoumise gagneront, au mieux, une cinquantaine de sièges. C’est très peu. La gauche devra effectuer un difficile travail de rassemblement autour des idées progressistes et écologistes, défendues par les candidats Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. Les Verts et les communistes doivent évidemment être inclus dans ce mouvement.

Quelle sera enfin la réponse des mouvements sociaux à un pouvoir qui s’annonce quasi-hégémonique? Sauront-ils se soulever face à un gouvernement qui ne cessera de brandir l’argument de la légitimité démocratique, après deux victoires lors d’élections majoritaires. L’opposition se devra de rappeler qu’Emmanuel Macron et son mouvement représentent en réalité seulement un petit quart du corps électoral, lorsqu’il se mobilise. Pas de quoi justifier une capitulation et laisser le champ libre à des attaques contre la protection des travailleurs et les services publics. La contestation sera en marche… Dans la rue.

 

International Opinions Actualité Édito Eric Lecoultre France

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Elections françaises

mercredi 7 juin 2017
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