Les systèmes présidentiels, prétendus démocratiques, sont ineptes, comme le prouve l’élection d’un bobet sénile et irresponsable à la tête de la première puissance militaire mondiale. Un pays dangereux, susceptible de nous précipiter, toujours plus vite, vers la fin de l’espèce humaine. Cet énergumène ne semble pas avoir compris qu’un pays qui a encore quelques lois et principes ne se dirige pas comme un goulag privé. A moins de prendre le temps de parvenir, comme Bokassa, Napoléon ou Hitler, à un véritable totalitarisme. Ou «mieux», comme les Kim, à une dictature personnelle transmissible et durable. Dans ce domaine, la Corée du Nord bat les Etats-Unis par K.O. et Donald a l’air d’un Mickey: le moindre juge ou la moindre assemblée freine ou arrête ses géniales réformes… Ne parlons même pas de l’international: quand il menace la Corée de Kim Un le troisième, l’autre lui balance un missile intercontinental dans la mer du Japon le lendemain. Et quand le reste du monde condamne sa sortie de l’accord de Paris, Trump n’est même pas fichu de lancer un pet de quelques mégatonnes de carbone dans l’atmosphère!

Cette situation ubuesque souligne l’absurdité des systèmes où l’on élit ou soutient des dirigeants sur des critères émotionnels qui n’ont rien à voir avec des programmes éventuels. Lesquels sont rarement appliqués. Aucun contrôle ne vérifie la cohérence du promis et du réalisé, aucune censure ne stoppe l’action quand elle devient calamiteuse. Qu’un humain, isolé ou entouré de comparses, puisse décider de la guerre, de la solidarité ou de la misère, du progrès ou de la faillite de l’éducation, de la priorité à la santé ou à l’armement ramène au concept du sauveur: espéré, proclamé, adoubé… et presque toujours calamiteux!

En France, Sarkozy, Hollande ou Macron ont hérité d’une constitution faite sur mesure, autrefois, pour de Gaulle le sauveur et son pouvoir personnel. Mais on n’imagine pas de Gaulle, aussi rétrograde qu’il ait été, clamer à Dakar que l’Afrique n’a pas d’histoire, comme Sarkozy, partir de l’Elysée en scooter pour sauter une actrice trois rues plus loin, comme Hollande, ou rigoler grassement de la misère du monde en ironisant sur les noyades des Comoriens naviguant vers Mayotte, comme Macron. Cela dit, de Gaulle a fait bien pire que les Kim en matière de course au nucléaire ou de concessions aux lobbies de l’armement. Et sa mise au pas des médias faisait peu de cas de la liberté d’opinion.

Le système politique suisse est un des rares où des contrôles en retour de l’action des politiciens sont possibles et où la personnalisation des pouvoirs est encore limitée. Mais il n’est pas sûr que ce second aspect ait un grand avenir quand on voit, pour la moindre élection, les murs ou les trams se couvrir de portraits géants des candidats. Parfois pires que les affiches staliniennes ou maoïstes qui faisaient ricaner nos parents ou grands parents autrefois… Chez nous comme ailleurs, les pires méthodes de propagande et de manipulation des comportements se développent, en jouant sur nos faiblesses biologiques et nos manques d’esprit critique. Les politiciens se vendent comme des savonnettes, dans des tenues, des poses et des expressions calculées, liftées-lissées par Photoshop. Et plutôt que de lire les programmes et en imaginer les conséquences, la plupart des électeurs délèguent leur faible voix à l’image du costard-cravate sérieux, du gendre idéal ou de la mère de famille responsable. Ou parfois encore, par tradition, à des partis, exécutants du monde de l’argent et/ou foires d’empoignes des egos.

Certes la Corée du Nord ne fait pas envie. Mais on peut s’étonner que tant de gens, chez nous, rêvent d’Etats Unis  qui ont accouché de Trump et mettent le cap vers le désordre et la misère. Nous n’en sommes pas là, dans un petit espace encore protégé du pire. Mais le terrorisme commercial, qui pousse à consommer, sans cesse, plus d’inutile, de superflu et de nuisible, à massacrer l’environnement et à jouer partout la compétition contre la coopération et la solidarité nous y pousse déjà.