Édito

Transports: jouer la carte de l’unité

A la suite du vote de dimanche, une majorité politique se dessinerait pour tenir compte de la volonté populaire de maintenir des prix abordables pour les Transports publics genevois (TPG). Sans pour autant sabrer dans l’offre. La nouvelle a de quoi réjouir au vu des crispations suscitées par le sujet, qui passait pour la troisième fois en quatre ans en votation. Au camp initial opposé à la hausse des tarifs (Parti socialiste, Ensemble à gauche, Mouvement citoyen genevois) pourraient bien s’allier les Verts. Et même, peut-être, le Parti démocrate chrétien.

En suggérant le déblocage d’un crédit extraordinaire de 7,7 millions de francs, les écologistes font un premier pas vers les référendaires. Lesquels saluaient mardi cette proposition, qui irait dans le sens de leur projet de loi demandant à compenser toute baisse de tarif par une subvention étatique. Il est effectivement temps d’enterrer les rancœurs et de jouer l’unité pour dépasser le stade des suggestions.

L’enjeu dépasse de loin une affaire de 20 centimes par billet de bus. Il s’agit de mener une politique volontaire pour le développement durable et la mobilité douce, qui permettra à la ville du bout du lac de ne pas étouffer ses habitants ni de rebuter pendulaires et visiteurs. L’impact des transports publics sur la qualité de vie et la situation sanitaire et économique d’une région est immense. D’autant plus pour le «Grand Genève», fort d’un million d’habitants parmi lesquels d’innombrables pendulaires.

La situation actuelle est aussi imputable à la Confédération. Depuis des années, Vaudois et Genevois peinent à se faire entendre pour répartir équitablement les fonds alloués au rail. Genève reste considérée comme un cul-de-sac plutôt qu’un nœud ferroviaire digne d’intérêt. D’où la récente reculade de Berne, qui avait initialement promis de rembourser une partie de l’extension souterraine de la gare. Et les déplorables retards dans le financement du chantier du CEVA. Dans un tel contexte, alors que Genève devrait mettre les bouchées doubles pour coordonner le Léman Express, transports urbains et lignes CFF, et tout faire pour éviter, chaque hiver, de suffoquer dans le smog et de voir les valeurs limites de pollution crever les plafonds, il est inquiétant d’entendre le ministre des Transports annoncer des coupes dans l’offre des TPG, et notamment des suppressions de trams. Seul un front uni, au-delà des blocs traditionnels, permettra de progresser enfin dans le débat.

La volonté populaire s’est une nouvelle fois exprimée sans ambiguïté. Aux autorités politiques genevoises de trouver des solutions pour l’appliquer.

Opinions Édito Laura Drompt

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