Édito

Perseverare diabolicum

Editorial

Sept ans presque jour pour jour après le premier «sauvetage» de la Grèce par l’UE, Athènes, au bord du défaut de paiement, est sommée d’adopter un énième plan d’austérité. Contrepartie à «l’aide internationale», ce train de mesures est digne de ses prédécesseurs: coupes dans le budget public, baisses des revenus sociaux (notamment des retraites), hausse des taxes. En deux ans, 4,9 milliards d’euros seront puisés dans les poches d’une population déjà exsangue.

Après une décennie de reculs sociaux sans précédent dans l’histoire européenne, les résultats de cette politique de déflation compétitive sont spectaculaires. Le sacrifice des droits sociaux, les licenciements de masse, la chute abyssale des revenus populaires, l’affaiblissement du service public, les privatisations, l’appauvrissement des plus humbles, le renoncement à la souveraineté sont récompensés par une croissance négative, un chômage de masse et un endettement à la hausse!

«Depuis 2009, le PIB grec a chuté de 24,2% alors que la population a diminué de 2,9%. La richesse par habitant a donc reculé de 21% au cours de ces huit années. Le pays étant soumis à la surveillance de plus en plus renforcée de ses créanciers, il est bien difficile de tirer de cette administration un bilan positif», écrivait en février le journaliste du quotidien économique français La Tribune, Romaric Godin… peu avant de se faire virer. Ses analyses hétérodoxes étaient sans doute redoutées à l’heure où la France s’apprête à émuler ces brillantes politiques.

A son échelle, le programme d’Emmanuel Macron s’inspire, en effet, en ligne directe de ces méthodes, elles-mêmes calquées sur les réformes menées en Allemagne au début du siècle. Dérégulation du marché du travail, suppression de 120 000 postes dans le secteur public, 60 milliards de coupes dans le budget de l’Etat, transferts fiscaux des plus riches et des entreprises vers les consommateurs… M. Macron va «simplement redistribuer la misère entre les travailleurs français», a averti cette semaine l’ex-ministre de l’Economie grec, Yanis Varoufakis. Qui sait de quoi il parle.

Au-delà du cas grec, les derniers chiffres de la pauvreté en Allemagne devraient suffire à faire réfléchir les plus obtus. Près de 17% des Allemands vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Ils n’étaient que 10%, en 2000, avant les réformes de Gerhard Schröder.

Opinions Édito Benito Perez Editorial

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Elections françaises

mercredi 7 juin 2017
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