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Une journée pour les femmes, une semaine pour les émotions!

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Rassurez-vous, je ne développerai pas cette comparaison de services minimaux, sous peine de tomber dans de mauvaises blagues que certaines prendraient au premier degré! Je parlerai juste des émotions auxquelles l’université de Genève, dans l’actuelle «Semaine du cerveau», consacre de passionnantes conférences.

Depuis toujours, de simples mortels, puis des milliers de philosophes, écrivains et scientifiques, ont décrit les affrontements des passions et de la raison, des humeurs et du bon sens. Des conflits qui nous conduisent à des comportements irrationnels, aberrants et souvent calamiteux, incompréhensibles pour un observateur objectif extérieur ou pour la plupart de nos contemporains. L’époque actuelle ne fait pas exception: la mondialisation multiplie les chocs entre des sociétés et des Etats qui organisent de manières incompatibles les comportements et la gestion des émotions.

Les émotions de base semblent, à l’intensité près, être les mêmes dans toutes les sociétés humaines actuelles, sans doute du fait de leur origine commune récente, à partir d’une très petite population de la fin du paléolithique. Ce n’est pas étonnant, non plus, car nos émotions sont produites par des mécanismes biologiques très anciens et très conservés dans l’histoire de la vie animale: beaucoup sont communs à l’ensemble des mammifères, certains à tous les vertébrés. Par contre, la différenciation des cultures et des modes de vie, dans des milieux très variés, va bien plus vite que les divergences biologiques. Elle a conduit nos sociétés humaines à des apprentissages et des réglementations très différents de l’expression de ces émotions partagées.

Les nécessités de la survie contraignent toute espèce animale à un minimum vital de rationalité dans ses comportements, faute de quoi, elle disparaît. Les émotions doivent donc déclencher ou renforcer des comportements nécessaires à la survie et à la procréation. Les humains n’ont pas échappé à cette règle, mais ont été conduits à des rationalités différentes par la multiplication d’histoires économiques, sociales et culturelles très divergentes. Ces histoires ont produit des usages appris et des lois contradictoires, en particulier sur les possibilités d’expression des émotions, en privé ou en public. Il en résulte une foule de malentendus anecdotiques dans les rencontres interculturelles, mais aussi des incompatibilités fondamentales entre les systèmes politiques et religieux, presque tous plus intolérants les uns que les autres.

Malgré deux millénaires d’obscurantisme chrétien, le difficile progrès des sciences a conduit certaines sociétés à des organisations plus rationnelles que celles basées sur l’arbitraire de despotes politiques ou religieux. Et à rechercher une gouvernance internationale évitant les guerres et organisant des cohabitations entre Etats et cultures harmonieuses. Mais ces tentatives se sont développées dans des périodes de domination occidentale par la force, l’économie et la propagande. Les Etats-Unis, l’Europe ou l’URSS voulaient une gouvernance mondiale rationnelle, mais sous leur contrôle! Ce qui apparaît aujourd’hui au reste du monde pour ce que c’est: du paternalisme néocolonial!

Notre héritage animal et nos émotions nous font prendre de nombreuses bonnes décisions, spontanées et irréfléchies, depuis les peurs qui nous évitent des dangers avant d’en avoir conscience, jusqu’aux plaisirs recherchés qui nous mettent en appétit d’aliments, de sexe ou de connaissances indispensables à notre survie et à notre reproduction. Mais nos émotions peuvent aussi nous soumettre à des autorités arbitraires malfaisantes, ou nous donner plaisir à participer à des mouvements de foules manipulées, dont on ne perçoit pas les projets ultimes, souvent dangereux pour les individus comme pour les collectivités. Deux choses sont sûres: nous survivons grâce à nos émotions… mais elles nous conduisent souvent au pire! I

* Chroniqueur énervant.
 

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lundi 8 janvier 2018

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