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Quand Donald joue les Mickeys

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Il n’y a sans doute pas de job plus stupide que président des Etats-Unis. Vous êtes sous pression quarante-huit heures sur vingt-quatre, dérangé sans cesse par des zozos qui font n’importe quoi à l’autre bout du monde. Vous passez une partie insupportable de votre vie en avion, vous devez rencontrer les dirigeants les plus stupides du pays et les plus dérangés de la planète, au cours de repas protocolaires chiants, de parades militaires grotesques, de conversations pénibles faute de langue commune, faire risette à leurs femmes et enfants… j’abrège! En plus, vous avez plus d’une chance sur dix d’être assassiné…

Pour que des gens pleins aux as comme la mère Clinton ou le père Trump, qui pourraient vivre tranquilles selon leur goût, se battent comme des bêtes, au cours de campagnes exténuantes pour une vie aussi pénible et médiocre, il faut que ce soit de grands psychopathes, donc les gens les moins qualifiés pour ce genre de métier. Lequel devrait exiger équilibre, bon sens et désintéressement. On pourrait dire la même chose de tous les métiers pénibles, stressants, pour lesquels se battent les affamés de pouvoir de tous niveaux. C’est là qu’on réalise que raison et bon sens pèsent peu dans des choix balayés par les émotions et conditionnés par le culte de la compétition.

Donc Donald (ou Picsou) Trump, au lieu de naviguer entre le golf et sa piscine au soleil, pleine de naïades, de continuer à jouer en bourse et acheter des palaces, va se pourrir la vie avec l’Obamacare, dont il n’a pas vraiment besoin, les céréaliers du Middle West, dont il n’a rien à cirer et des services de sécurité, pendus à tous ses actes, même quand il tente de reboutonner une braguette dissimulée par son embonpoint. Il va se farcir Poutine, Junker, la reine Elizabeth, les Saoudiens et autres rigolos à longueur de protocole, de cérémonies absurdes et de négociations sans fin. Du peu de temps qui lui reste à vivre, comment peut-il en gâcher tant? Pourquoi, sauf être fou, choisir une vie exténuante, avec plus d’obligations et de désagréments que de plaisirs et de récompenses?

La réponse est simple, et c’est la même que pour bien d’autres déséquilibrés qui croient, par exemple, qu’ils gagnent le paradis en se faisant sauter avec n’importe qui. Nos facultés d’anticipation font que nous décidons à crédit sur des espoirs de récompenses, souvent infondés ou illusoires, qu’une propagande insensée ou mensongère rend crédibles: le champ d’application va du loto à la candidature à la présidence. Il suffit que la fonction présidentielle ou une vie de star soit présentée comme paradisiaque pour que des millions de bobets en rêvent, que des milliers soient prêts à tout pour y parvenir. Dans une vie glauque, la promesse du paradis, si l’on y croît, justifie le martyr; sinon, elle masque le suicide.

Nous vivons dans un triple monde. D’abord un monde réel supposé, perçu très déformé par les sélections de nos perceptions, étiquetées par les émotions associées à ces perceptions. Il en résulte un deuxième monde, personnalisé selon les émotions, la culture et l’éducation, qui varie donc beaucoup d’un individu à l’autre. Ce qui explique beaucoup de désaccords, à tous les niveaux du social. Enfin, nos désirs nous construisent un monde imaginaire, fantasmé, dans lequel ces désirs se réalisent. Selon les histoires personnelles, les éducations et les cultures, on y est accueilli par Saint Pierre, Beyoncé, Jackie Chan ou les fameuses soixante douze vierges – là, il faudra être courageux une deuxième fois! Quand à notre cher Donald, élevé à la sauce John Wayne-Walt Disney, il se fantasme Mickey candidat gagnant et se retrouve président sans savoir ce que ça veut dire. Il reste à voir si la camisole administrative US réussira à le maîtriser avant qu’il ne rende le 11/9 de son élection bien pire que le 9/11… I

* Chroniqueur énervant.
PS: A l’Uni ce 10 novembre, un journaliste dit à un collègue: «Un Néandertalien est là, que lui demandez-vous?».
Moi j’aurais répondu: «Are you the new US president?»

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lundi 8 janvier 2018

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