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Un projet qui n’accorde pas de place a l’intégration

Olivier Perroux regrette que le gouvernement genevois n’associe pas les acteurs locaux dans les projets de mise en place de centres d’accueil pour les réfugiés mineurs.
Genève

Le Conseil municipal de Vernier a sèchement refusé un projet de centre d’accueil pérenne pour les réfugiés mineurs non accompagnés (RMNA) de près de 300 places à Aïre. Cette décision a été mûrement réfléchie, discutée avec l’ensemble des forces politiques de la commune et j’y souscris pleinement. Mieux, j’y engage mon honneur et mon cœur ancré à gauche.

Ce projet et toute la logique qui le sous-tend, sont à combattre avec la dernière énergie. Genève mène une politique d’accueil à l’envers du bon sens. Comme souvent, le Conseil d’État agit la tête pleine de chiffres.

Des mètres carrés et des «réfugiés à caser»

Devant des obligations confédérales chiffrées, notre gouvernement trouve une solution statistique, aussi peu coûteuse que possible. Tant de mètres carrés, là, égalent tant de réfugiés qu’il est possible d’y caser. Justement parce que cette approche froide va à l’envers du bon sens en matière d’accueil des réfugiés, je ne répondrai pas par des chiffres à cette logique merdique.

Les réfugiés mineurs non accompagnés représentent un enjeu majeur d’intégration. Seuls, arrachés aux leurs, ces jeunes ont besoin d’un accompagnement de tous les instants, fait de chaleur humaine, de perspectives d’avenir et de renouveau. Tous sauf des chiffres. La commune de Vernier, dont la politique sociale est très vivace et créative, est idéale pour l’implantation d’un centre d’accueil pour RMNA. Mais que penser d’un Conseil d’État qui ficelle un projet sans en parler aux acteurs locaux, et qui, la bouche en cœur une fois les plans sous toit, demande ensuite la collaboration de ces mêmes acteurs.

Parier sur l'avenir, non sur le renvoi

Non! La gauche verniolane ne se réjouit pas de la fermeture de la Suisse face aux réfugiés. Au contraire. Elle se soucie de la manière dont Genève organise l’intégration de ces jeunes. Nous voulons pour eux une politique qui parie sur leur avenir, et non sur leur renvoi. Qui leur construit un avenir au sein de notre collectivité, et non en marge.

Oui! La collaboration du tissu associatif et politique local est indispensable, conformément à ce que prévoit la Constitution cantonale. Elle devrait être pensée avant et au-dessus des barbelés et des Securitas, en y associant également les associations qui défendent les droits des migrants. Vocabulaire révélateur: Lors d’une séance publique tenue le 6 juin à Aïre, en présence des habitants du quartier, Mauro Poggia a parlé «fermeture du centre», «sécurité», «Securitas», «encadrement professionnel», alors que le simple mot «intégration» n’a jamais été prononcé une fois.

«Agissons avec détermination»

Au fond de lui, notre gouvernement, tenaillé par ses finances, par l’amour des chiffres et le dédain de l’échelon local, est incapable de mesurer la richesse que représente pour Genève la soif de réussite et d’intégration de ces mineurs. Dès lors, la politique d’accueil est faite de chiffres là où elle devrait parler du vivre ensemble et de l’intégration de ces jeunes.

L’urgence ne saurait justifier de taire toute critique. Au contraire. Il est de notre responsabilité d’élus d’agir en amont des réalisations pour que ces dernières atteignent leurs objectifs. Visiblement, ceux du Conseil d’État ne sont pas les bons. En usant de l’urgence pour tenter de passer en force un projet qui perpétue un non-sens, notre gouvernement ne se grandit pas. Nous avons besoin d’accueillir correctement ces mineurs et cela passe par une priorité à mettre sur l’intégration à l’échelon local. Alors agissons avec détermination!

Olivier Perroux est conseiller municipal, Les Verts, Vernier (GE).

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