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Spirales infernales

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Les grandes civilisations historiques se sont effondrées et la nôtre est aussi partie pour, faute de savoir ajuster croissance démographique, consommation de ressources terrestres, production de nourriture et de biens, et surtout leur partage. Comme d’autres, elle ne sait pas transposer, à l’échelle des multitudes, les comportements de solidarité et d’empathie qui ont assuré la viabilité et la pérennité de petites communautés pendant des dizaines de milliers de siècles, avant le néolithique et l’apparition de grandes cités. En écologie, le partage du territoire assure souvent celui des ressources, de manière équitable entre ceux qui en bénéficient. La compétition élimine les autres ou les exclue de la reproduction. Ainsi, la population s’ajuste aux ressources, tandis que les communautés survivantes, chez les espèces sociales, pratiquent souvent empathie, entraide et coopération. Au paléolithique, ces comportements nécessaires ont assuré la survie des cueilleurs-chasseurs humains. Avec la production de nourriture par la domestication des plantes et animaux, la « révolution néolithique » a multiplié les ressources par 20 à 50 selon les lieux, causant une croissance incontrôlée des effectifs et des densités humaines. Ce fût aussi le début des grandes inégalités, la fin de la solidarité avec les plus démunis. L’abondance de la production permet la thésaurisation, la spéculation et l’héritage abusif. La vie humaine, à part celle des puissants, est devenue si abondante qu’elle est dépréciée et permet de multiplier les guerres. La révolution industrielle, l’urbanisation et l’agriculture productiviste ont empiré les choses, par un gaspillage sans précédent de ressources naturelles non renouvelables et une nouvelle accélération démographique, qui aggrave la surconsommation dans  une spirale infernale.

Le pire, dans notre histoire, est la croissance insensée des inégalités, l’accaparement des ressources par une minorité dérisoire, le refus des partages qui, jadis, permettaient la survie de la société. Sans oublier la multiplication des moyens de destruction et de répression que nous vaut le monde financier néo-libéral dominant. Ce n’est plus la loi de la jungle naturelle, où empathie et solidarité règnent, au moins dans certaines espèces. C’est l’horreur de la folie de l’argent et du pouvoir, où toutes les actions humaines sont détournées de leurs objectifs sociaux par le culte du profit et de la compétition. L’agriculture n’a plus pour projet de nous nourrir, mais de rémunérer spéculateurs et actionnaires. La médecine, et surtout la pharmacie, ne visent pas la santé de tous, mais la maximisation des profits d’autres actionnaires insatiables. L’industrie et le commerce n’ont pas pour fonction de produire et de distribuer, au meilleur prix, ce dont les gens ont besoin pour leurs activités, leur confort et leur plaisir, mais de vendre, le plus cher possible, des produits à obsolescence programmée, renouvelés sans cesse dans une autre spirale folle, pour « optimiser » bénéfices et dividendes.

Les multinationales n’ont plus rien à voir avec des entreprises d’autrefois, dont certains propriétaires-patrons-responsables cherchaient d’abord la durabilité et une
réputation de qualité technique et de gestion humaine. Un directeur d’aujourd’hui est une marionnette financière qui, moyennant des gains provisoires indécents, développe, délocalise, ferme, licencie ici, recrute ailleurs, sans projet social pour l’entreprise, sa pérennité ou ceux qui la constituent. Lui-même, s’il n’est actionnaire principal, sera le premier à sauter sur un mauvais bilan  ou si un autre requin se pointe pour le remplacer, avec une pire réputation.

La gestion écologique et économique responsable de l’avenir de nos descendants supposerait une gouvernance mondiale, compétente, puissante et désintéressée. On voit mal d’où elle surgirait, entre la rapacité des multinationales, le désordre des nations et la corruption des politiques… Le pire est toujours plus probable, même s’il n’est pas encore certain!

*Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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