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Israël dit «niet» à une conférence internationale

AU PIED DU MUR

La communauté internationale commence à en avoir plus qu’assez de l’abcès israélo-palestinien qui infecte l’ensemble de l’Orient arabe et même au-delà. Pendant des décennies, les gouvernements israéliens successifs se sont positionnés face auxdites initiatives de paix internationales en répondant «oui, mais», et en liant leur engagement à des impératifs récurrents – que les Palestiniens fassent ceci ou déclarent cela –, gagnant ainsi de nouveaux délais. En football, on appelle cela jouer la montre… Mais contrairement au ballon rond, ici, le temps gagné est mis à profit sur autre terrain: celui de la colonisation. Par une stratégie planifiée à long terme, le pouvoir israélien modifie les réalités sur le terrain, en intégrant à son espace, par une politique du fait accompli, des portions toujours plus grandes de ce qui était supposé devenir un jour l’Etat palestinien. Shimon Peres a été durant des décennies le chantre de cette mystification dans les chancelleries internationales et sur les plateaux de télévision. Il a pu longtemps faire illusion, avec la complicité des grandes puissances.

Le gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahou, lui, ne joue même plus ce jeu; il ignore tous les appels de la communauté internationale en faveur d’une présumée reprise du «processus de paix». Ce refus arrogant de la part du gouvernement israélien oblige la communauté internationale à contourner le principe des négociations directes par des initiatives internationales. C’est dans cette direction que semble aller la diplomatie française, qui appelle à une conférence de paix internationale, avec ou sans la participation des parties concernées. A cette fin, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, vient de rencontrer le Premier ministre Netanyahou et le Président Abbas. Si le chef de l’Autorité palestinienne a donné son accord de principe, Ayrault a été confronté à une fin de non-recevoir de la part de ses interlocuteurs israéliens, qui n’ont même pas eu la délicatesse de dire qu’ils étaient prêts à envisager une collaboration avec le projet français. C’est sans s’encombrer de civilités que Netanyahou a montré la porte au patron du Quai d’Orsay.

Cette politique du refus agace de plus en plus les meilleurs amis d’Israël: Angela Merkel multiplie les mises en garde, et le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, vient d’annoncer qu’il voyait d’un œil favorable l’initiative française.

Dans le passé, un tel hiatus entre le gouvernement israélien et ses amis de la scène internationale aurait provoqué une crise gouvernementale. Mais Netanyahou a en main un atout de poids: il n’a pas, face à lui, d’opposition susceptible de menacer sa coalition. Isaac Herzog, président du Parti travailliste, est en train de ramper vers le gouvernement en place et de négocier, en échange de la trahison de son électorat, les miettes que Netanyahou est prêt à lui lâcher.

Sans de fortes pressions internationales, les chances de voir un revirement de la politique coloniale israélienne restent du domaine du rêve. D’où la nécessité de renforcer encore et encore la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions) qui seule pourra venir à bout du «niet» israélien.
 

* Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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