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Quand le machisme passe aussi par les mères…

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Très différents d’une espèce animale à l’autre, les comportements liés au sexe varient peu à l’intérieur de la plupart de ces espèces. Le monde animal fournit ainsi une première information: presque tout est possible en matière de rapports entre les sexes et de partage des tâches. Tant, du moins, que les deux conditions de la sélection naturelle sont respectées: survivre et procréer. Si des femelles cannibales mangent parfois les mâles, c’est après usage… et les inverses ne sont pas vrais, parce que pas durables! Si les mâles bouvreuil ou hirondelle s’occupent de la nichée autant que les femelles, d’autres, comme les troglodytes mâles s’en tamponnent autant que les coucous, mâle ou femelle. Les autruches ou les épinoches mâles ne font pas confiance aux femelles pour s’occuper de la nichée, même si ce sont elles qui pondent. Le mâle hippocampe est inséminé par la femelle, enceint et accouche dans la douleur. Les matriarches éléphant et bonobo conduisent leurs troupes avec autant d’autorité qu’un gorille mâle à dos argenté, ou qu’un couple dominant de loups. La dominance sexuelle n’a rien de constant ni de fatal dans le monde animal. Ce n’est pas une «loi de la nature». Elle peut prendre des formes différentes dans les populations d’une même espèce, si celle-ci apprend ses comportements, plutôt que de les produire sans apprentissage. Chez les mammifères, gestation et allaitement induisent des biais (même si, chez les humains actuels, il est possible, en théorie, de se passer des femelles pour l’allaitement!). Ces particularités confèrent aux femmes un avantage pour la transmission de la culture aux jeunes et un handicap énorme pour les activités non liées aux enfants. Dont les activités productrices, rémunératrices et politiques. C’est ainsi que, par exemple, les mères juives, chrétiennes et musulmanes (ordre historique!), dans leur grande majorité, fabriquent de détestables petits machos qui croient que tout leur est dû et des petites filles qui apprennent à faire la vaisselle et à cirer les pompes de leurs pères et frangins…

Des ethnologues ont imaginé que les rares sociétés matrilinéaires, dans lesquelles les noms et les biens se transmettent par les femmes plutôt que par les mâles, étaient un état primitif de «bons sauvages», avant l’invention du patriarcat par de méchants patrilinéaires. C’est une hypothèse invérifiable qui ignore que, dans les sociétés matrilinéaires, ce sont plus souvent les oncles maternels que les mères qui exercent les pouvoirs…

Les sociétés traditionnelles ont pratiqué des répartitions arbitraires, rarement flexibles, des tâches entre les sexes. Des répartitions biaisées par la grossesse, l’allaitement et les différences (statistiques) de force physique entre les sexes. Parfois, ces différences culturelles n’étaient pas source d’injustice et d’inégalités. Soit par l’estime et l’amour mutuels des sexes, soit parce que les femmes y possédaient des contre-pouvoirs magico-religieux. Mais souvent, comme dans le monde judéo-christo-islamique, patriarcat, machisme et peur des femmes ont débouché sur des sociétés très inégalitaires et injustes vis-à-vis de ces dernières. Leurs luttes pour recouvrer des droits et des chances égaux ou équivalents se heurtent à un monde bétonné par les machistes et les traditions transmises par leurs sœurs. Avec en plus deux effets pervers: celles qui réussissent parmi les machos sont souvent celles qui adoptent leurs postures ou, au contraire, celles qui leur sont soumises!

Ma conclusion provisoire sera d’une consternante banalité. Tant dans certaines sociétés traditionnelles que dans les plus égalitaires des sociétés actuelles, l’harmonie des rapports entre sexes et genres repose plus sur l’empathie et la connaissance de l’autre, sur la reconnaissance des différences plutôt que sur leur négation, sur la coopération que sur la compétition, sur la paix que sur la guerre. Ce n’est pas une situation spécifique aux différences sexuelles, mais à toute forme de diversité au sein de nos sociétés.

 

* Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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