Agora

Oui, les fusions ont du bon (suite… et fin ?)

En prolongement de la réponse de Bernard Hugo parue dans votre édition du 5 mai 2014

La réponse de M. Bernard Hugo à ma lettre qui nuançait son regard sur les fusions de communes mérite quelques précisions. Celles-ci n’ont pas pour but de placer la commune fusionnée de Val-de-Travers au cœur d’une polémique : M. Hugo semblant n’avoir qu’une connaissance limitée de ce cas, nous nous limiterons à un nécessaire rectificatif en conclusion pour nous concentrer sur les « affirmations » réitérées de notre interlocuteur.

Non, les fusions de communes ne créent pas « un niveau supérieur » vers lequel s’opérerait « un glissement de compétence décisionnelle ». Elles élargissent sans aucun doute les éléments constitutifs d’une commune (territoire, population, services, etc.), mais ne rendent pas caduc pour autant le niveau communal. Au contraire, les exemples de Val-de-Travers et de Val-de-Ruz montrent ce que ces régions, hier constituées de petites communes dans un canton marqué par la présence de trois villes, gagnent aujourd’hui à jouer dans la cour des grands, en étant davantage consultées et entendues.

Les fusions ne représentent pas non plus « une attaque frontale contre la communauté politique de base ». L’exemple de Val-de-Travers montre que cette communauté n’a rien perdu de sa force avec la fusion. Les anciennes communes sont certes devenues des villages, mais chacune a gardé sa vie locale et associative. Que cela ne soit pas le cas dans d’autres communes fusionnées est possible, mais l’explication est-elle liée uniquement à la fusion ? La critique mériterait d’être précisée.

Quant à l’affirmation que la fusion des communes « cache en réalité une volonté de dérégulation de la démocratie, dernier obstacle à une dérégulation économique totale », elle semble découler d’une lecture purement idéologique et demanderait, elle aussi, à s’appuyer sur des faits pour être débattue. Qu’un affaiblissement de la démocratie puisse favoriser une dérégulation économique est certain. Mais on peine à voir en quoi le fait de permettre à une commune fusionnée de disposer de compétences étendues mises au service d’une collectivité soit un premier pas vers une dérégulation.

Il convient de ne pas oublier que les fusions que nous connaissons portent, le plus souvent, sur des ensembles de taille relativement réduite. Ainsi celle de Val-de-Travers, considérée pourtant comme très ambitieuse, est celle d’une population de quelque 11'000 habitants seulement. Small reste beautiful, et l’intention n’est nullement de « créer une ville à la campagne », comme l’écrit encore M. Hugo. Qui, comme indiqué plus haut, fait montre d’une connaissance toute relative de la situation de Val-de-Travers.

Deux rectificatifs doivent ainsi être apportés à son dernier courrier. Et de un : la dette de Val-de-Travers n’a pas pris l’ascenseur à la suite de la fusion. L’endettement net par habitant était, à fin 2013, de 2’831 francs, contre 3'286 frs un an plus tôt et 3'443 frs lors de la fusion, évolution heureuse qui n’a pas empêche une politique active d’investissements, en matière énergétique notamment pour ceux, d’un niveau record, réalisés en 2013. Et de deux : les grands villages n’écrasent pas les petits au sein des autorités, au contraire. L’exécutif de Val-de-Travers ne compte pas quatre membres sur cinq habitant Couvet, mais un seul. Mieux : cinq villages sont représentés au sein de l’exécutif, dont trois « petits », tandis que Fleurier, village le plus important de la commune, n’y compte aucun des siens… sans que cela ne prête matière à débat, preuve sans doute qu’une large majorité d’habitants se retrouve dans cette nouvelle commune. Mais peut-être nos concitoyens sont-ils aveuglés eux aussi par cette « maladie » que représente la fusion…

Frédéric Mairy, Conseiller communal (PS) Commune de Val-de-Travers
 

Opinions Agora Frédéric Mairy

Autour de l'article

Connexion