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«Notre existence est menacée»

COOPÉRATION • Au Salvador, le réchauffement climatique augmente l’intensité des catastrophes naturelles. Solidar Suisse soutient là-bas un programme de prévention des inondations. Plongée dans une réalité inquiétante.

«Depuis mon arrivée, j’ai connu sept inondations. L’eau peut monter jusqu’à deux mètres. Souvent, les vaches et les chèvres se noient.» Rosa Lilian Molina, mère de quatre enfants, est établie depuis 1991 à Santa Marta. Ce village de 600 habitant-e-s vit principalement de l’agriculture et de l’élevage. Il se situe à proximité du Rio Lempa, le plus grand fleuve du Salvador.

Rosa Lilian Molina est membre de la commission communale de la protection civile. Cette structure gère notamment le système d’alarme, les mesures d’évacuation et l’entretien des abris d’urgence. Avec succès. «Nous n’avons jamais déploré le moindre mort, explique Rosa Lilian Molina. En revanche, les inondations déciment le bétail et détruisent les récoltes. Il faut ensuite attendre six mois avant la prochaine récolte de maïs. Et les cas de malaria augmentent.»
Rocío García de Las Heras est responsable, au sein du bureau local de coordination de Solidar, du programme de prévention des catastrophes. Elle souligne à quel point le réchauffement climatique touche le Salvador. «Depuis une dizaine d’années, les événements extrêmes sont encore plus fréquents. On observe à la fois davantage de sécheresses et d’ouragans.»

Le programme Solidar, cofinancé par le projet d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), aide les villages les plus menacés à se protéger des inondations. Il optimise aussi la coordination entre les groupes locaux de protection civile et les organismes nationaux. «Dans les communes, les habitant-e-s savent déjà comment réagir, souligne Rocío García de Las Heras. Vu que les catastrophes sont plus fortes, il faut renforcer les moyens à disposition de la protection civile.»

Sur le terrain, Rosa Lilian Molina observe déjà des améliorations: «Nous avons bénéficié de conseils techniques pour mieux protéger les récoltes. Nous avons aussi reçu du matériel: radios, couvertures, outils. Et, surtout, de nouveaux abris sont construits.»

Il reste toutefois du pain sur la planche. Rosa Lilian Molina souligne la nécessité d’améliorer la gestion des abris. «Lors des inondations d’octobre 2011, la municipalité a distribué davantage de nourriture à certaines familles. Ce genre d’arbitraire provoque des tensions. Le programme actuel dispense une aide plus professionnelle, sur la base de critères clairs.» Il permet aussi aux villages de mieux faire entendre leurs revendications. La société hydraulique qui exploite le Rio Lempa a ainsi accepté de financer un système d’alarme plus efficace et l’amélioration des digues.

Au fait, Rosa Lilian Molina a-t-elle déjà songé à quitter la région? «Jamais. Je suis attachée à cette terre. Et je me battrai pour continuer à y vivre.»

 

* Article paru dans le magazine Solidarité n° 1, février 2013, de Solidar Suisse, l’œuvre d’entraide des syndicats et du Parti socialiste suisse: www.solidar.ch

Opinions Agora Alexandre Mariethoz

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