Suisse

Reconstruction en jeu à Lugano

Deux jours de discussions sur l’Ukraine réuniront une quarantaine de pays au Tessin.
Reconstruction en jeu à Lugano
Norman Gobbi (à gauche) et Ignazio Cassis travaillent à la mise en place de la conférence de Lugano. KEYSTONE
Ukraine

Même si la remise sur les rails d’un pays dévasté prend des décennies, il faut bien commencer par élaborer un plan. Le canton du Tessin sera bientôt au cœur des discussions internationales sur l’avenir de l’Ukraine après l’éclatement de la guerre le 24 février. Dans le cadre de l’Ukraine Recovery Conference (URC2022) les 4 et 5 juillet prochains, pas moins d’une quarantaine de délégations gouvernementales et 18 organisations internationales sont attendues à Lugano pour deux jours de pourparlers au Palais des congrès. A la manœuvre, le président de la Confédération Ignazio Cassis, chef du Département des affaires étrangères (DFAE) qui a souligné hier à Bellinzone que l’opération n’est pas simple.

La liste des pays participants est toujours ouverte. Une délégation ukrainienne est annoncée par le DFAE sans pouvoir préciser si le président Volodymyr Zelensky sera physiquement présent. La composition de la délégation des Etats-Unis, entre autres, n’est pas encore connue. «Nous avons travaillé durant huit mois en prévision de cette conférence», explique Simon Pidoux, ambassadeur spécial chargé de l’URC2022. «L’un des défis consiste à réunir les partenaires impliqués.» Les chefs des gouvernements lituaniens et tchèques seront de la partie ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Opération à 600 milliards

Les thèmes de ces deux jours de discussions? La reconstruction sociale, économique et environnementale d’un pays dévasté par quatre mois de guerre. L’opération devrait coûter 600 milliards de francs selon l’Ukraine et le rendez-vous de Lugano sera aussi l’occasion pour les milieux de l’économie privée de rencontrer les autorités ukrainiennes. La transparence sera de mise: les débats seront publics sauf ceux dédiés à la sécurité.

Selon le chef du DFAE, il n’est pas question de laisser le pays aux oligarques une fois le conflit terminé. «Le plan qui ressortira de cette conférence doit se faire avec l’adhésion de l’Ukraine et ce pays doit être un moteur de la reconstruction lente et complexe esquissée par cette conférence», a insisté Ignazio Cassis. Son gouvernement doit assurer «un véritable leadership» dans l’élaboration de la Déclaration de Lugano qui ressortira de ces discussions. Quant à la Suisse, outre participer financièrement au programme d’aide dont les flux financiers seront surveillés, elle pourrait être appelée à servir d’intermédiaire avec l’agresseur russe dans le cadre des bons offices.

Coût de plusieurs millions

Mais ces deux jours ne régleront pas tout. «Malheureusement, la fin du conflit n’est pas envisagée pour les 4 et 5 juillet», admet modestement Norman Gobbi, conseiller d’Etat, chef de la Direction des institutions du canton du Tessin. «Dans le contexte fédéraliste, le Tessin a ici le rôle d’organiser et d’assurer la sécurité de la conférence internationale qui discutera de la reconstruction de l’Ukraine à la fin du conflit. C’est une petite contribution à la stabilisation de la région et à la paix pour le continent et finalement pour la Suisse et le Tessin.»

La tenue des exigences de sécurité dans et autour du Palais des congrès de Lugano qui pourra accueillir jusqu’à 1000 personnes oblige le DFAE à s’appuyer non seulement sur l’armée mais aussi sur les autorités de la ville de Lugano et le canton du Tessin. Selon Ignazio Cassis, la dépense pour cette conférence internationale se chiffre à «plusieurs millions» dont 80% seront assumés par la Confédération. Le dispositif militaire comportera 1600 hommes et mobilisera les policiers cantonaux et municipaux ainsi que des spécialistes de la sécurité des autres cantons pour la sécurité des personnes.

Accent sur la sécurité

Côté mobilisation des forces de sécurité, l’URC2022 de Lugano n’est pas le sommet de Davos qui voit jusqu’à 5000 militaires environ veiller durant cinq jours sur la manifestation. «Chaque conférence internationale nécessite des dispositions particulières en matière de sécurité», observe Norman Gobbi. «Le travail pour l’URC2022 avait commencé avant même que le conflit armé n’éclate, alors que la conférence avait d’autres objectifs. Après le 24 février, il est clair que les données – également en termes de sécurité – ont changé. La Police cantonale tessinoise est responsable du plan de sécurité et elle ne pourra accomplir sa tâche sans la collaboration des agents de la police municipale, ainsi que de collègues d’autres polices cantonales.»

En matière de coopération intercantonale, la police tessinoise est bien rodée et dispose d’un protocole de coopération qui est notamment appliqué pour le WEF de Davos et d’autres conférences internationales en Suisse. «Le nombre de personnes engagées pour la sécurité dépendra beaucoup du nombre de délégations d’autres Etats qui viendront au Tessin et, surtout, aussi du rang des membres de ces délégations», conclut Norman Gobbi. «La présence d’un chef d’Etat, par exemple, exige un niveau de sécurité plus élevé.» LA LIBERTÉ

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