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Portugal: de la répression à la légalisation

De 1993 à 1997, les données épidémiologiques portugaises estiment à 80 000 le nombre d’avortements, dont 600 par an seraient légaux. Dans certains quartiers populaires très pauvres, les avortements clandestins sont devenus un véritable marché noir. Chaque année, des femmes avortaient dans des conditions matérielles dangereuses et risquaient leurs vies. Depuis 1980, 100 femmes sont mortes suite à des avortements illégaux. Pour celles qui avaient des moyens financiers, environ 9000 femmes par an, elles avortaient dans des cliniques espagnoles.
A Maia (Porto), en 2001, 43 personnes seront inculpées, à Aveiro, en 2003, 17 personnes, à Setúbal, en 2004, trois femmes, dont une sage-femme, seront déferrées devant les tribunaux portugais. Cette succession de procès montre bien à quel point la chasse aux avortements devient un enjeu politique de la majorité de droite. Ces procès pénalisent les femmes qui avortent et bafouent leur dignité.
Un large mouvement social s’est organisé pour réclamer une nouvelle loi par la voie démocratique: le référendum. Le défi a été gagné et en février 2004, 121 151 signatures ont été déposées au Gouvernement portugais. Cet immense succès de la société portugaise témoigne de son évolution et atteste qu’une partie, non négligeable, de la population portugaise est en faveur d’une légalisation sur l’avortement.
Le courage des femmes portugaises et leur détermination ont été sans limite pour qu’enfin la loi soit approuvée. Elle est entrée en vigueur le 15 juillet 2007.

MARIA CASARES, SOCIOLOGUE, LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES

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