Chroniques

Du côté des opprimés, toujours!

Chroniques de résistance

Y aura-t-il un peintre pour faire le tableau d’Alep-Est après les terribles bombardements subis par la partie orientale de la deuxième ville de Syrie comme il y a eu celui de Guernica, petit ville du pays basque espagnol, après l’horreur du bombardement nazi du 26 avril 1937 brossé par Pablo Picasso?

Depuis la fin de cette tragédie sanglante – «reconquête» pour Assad, Poutine et leurs affidés, «chute» pour les tenants de l’opposition et les «rebelles» –, les commentaires fusent de toutes parts et se télescopent dans un invraisemblable capharnaüm contradictoire selon d’où l’on parle et pour quel «camp» l’on tient. Il ne s’agit plus d’une saine et démocratique polémique, mais d’un déversement d’anathèmes, principalement sur le Net, dont la violence, les injures et le mépris atteignent des «sommets», ou des culs-de-basse-fosse… pour être plus exact! Une chose est sûre, on voit revenir à vitesse grand V la vision binaire et «campiste» du monde qui «diabolise» un tel ou tel autre, y compris avec des crétineries de celles qui taxent Edwy Plenel – fondateur et directeur de Médiapart – de «journaliste à la ligne atlantiste»(!) ou se moquent de l’émotion de Nicole Ferroni – chroniqueuse politico-humoriste de France Inter – dans sa chronique sur Alep où elle retint ses larmes…

Un seul protagoniste est largement oublié: la population d’Alep-Est. C’est elle qui a subi le martyr et toutes les exactions et c’est elle que le monde a oubliée à part quelques «beaux» discours sans effets concrets. Combien de morts? Combien de mutilés à vie, dans leur chair et dans leur âme? Combien de désespérés arrachés à leurs enfants, à leurs parents, à leurs proches?

Soyons clairs: l’ONU n’a rien fait, l’Occident n’a rien fait, le monde n’a rien fait, nous n’avons rien fait! Certes, nous sommes impuissants, nous autres citoyens et citoyennes «lamda», mais combien de «manifs» avons-nous faites pour clamer notre indignation et notre dégoût à l’égard du régime dictatorial de Bachar el-Assad et notre solidarité à la révolte populaire syrienne qui fut massive et non violente à ses débuts?

Pourtant, il y a des signaux d’infamie, des repères de l’inacceptable, des traces de barbaries qui sont autant de «trompes de brume» que l’histoire continue de faire résonner dans la mémoire individuelle et collective des peuples. Guernica en est un exemple. «On» a laissé Mussolini et Hitler intervenir militairement en Espagne, appuis décisifs sans lesquels Franco n’aurait pas vaincu la République espagnole, sans soutenir son peuple à l’exception notoire des Brigades internationales. Et cette lâcheté a débouché sur les vils accords de Munich en septembre 1938 dont on connaît la suite! «On» a laissé se développer la «solution finale» dont Auschwitz est le symbole criminel absolu sans que les «Alliés» ne soient poussés à bombarder les voies ferrées qui menaient à ce camp de la mort! «On» a laissé se dérouler le massacre de Srebrenica sans exiger nuit et jour qu’une opération de police internationale soit menée contre les fascistes Karadjic et Mladic! Comme le disait Max Frisch, «il y a pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles».

Certes, l’histoire de l’humanité est pleine de fracas, de violences, d’horreurs, d’injustices et, en effet, «le sang sèche vite en entrant dans l’histoire», comme le chantait Jean Ferrat dans Nuit et Brouillard! Mais cette même histoire est emplie aussi de l’intervention déterminée de gens et de collectifs entrés en résistance pour faire reculer le totalitarisme et l’ignominie. Ainsi, il s’agit d’être du côté des opprimés, toujours, pour ne pas nous tromper de chemin! Je nous souhaite à toutes et tous une année 2017 solidaire!

*Animateur en éducation populaire.

Opinions Chroniques Bruno Clément

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lundi 8 janvier 2018

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