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Prilly-Malley: au carrefour des changements

Ihsan Kurt, conseiller communal socialiste de Prilly, plaide pour l’adoption du plan de quartier de Malley-Gare, qui passe aux urnes communales le 27 novembre.
Vaud

«Il y a plus de cinq ans, quand j’étais ado, nos parents nous interdisaient d’aller à Malley. Ils nous disaient que c’était un quartier ‘dangereux et moche’.» Tels étaient les qualificatifs employés pour désigner cette grande zone carrefour entre trois villes: Lausanne-Prilly-Renens. Voilà le témoignage d’une Prilléranne de septante ans.

Le Flon, ce fut pareil! Il y a vingt ans, beaucoup de parents demandaient à leurs jeunes adolescents de ne pas aller se balader au Flon non plus «car c’était un quartier dangereux et moche», au centre de Lausanne. Le quartier du Flon est aujourd’hui un quartier de commerce, de culture, d’activités sociales. Symbole d’urbanisme innovateur, il est fréquenté par toute la population, de tous les milieux. Ce quartier a continué à se développer en passant sous le pont Chauderon tout en avançant en direction de Malley-Prilly. Du côté de Renens, plusieurs chantiers sont en route. Un développement urbanistique moderne, qui s’adapte aux besoins de toute une région qui se développe sur le plan économique, démographique, culturel, sportif…

Malley a tout pour devenir un quartier attractif et dynamique. Depuis plus de vingt-cinq ans, des groupes citoyens, des politiciens, des urbanistes, réfléchissent à l’avenir de ce quartier. Dans le contexte d’un développement régional qui s’impose, le grand projet du quartier Malley enthousiasme certains et fait peur à d’autres. Il n’est pourtant rien d’autre qu’une adaptation à l’évolution régionale, à la croissance économique et démographique, qui amène avec elle bien évidement une croissance de certains besoins: en logement, en emplois, en moyens de transports, en grandes structures sportives.

En parallèle avec deux villes voisines, Prilly vit aussi une croissance démographique importante sur un territoire de 2,2 km2, où il n’existe quasiment plus de terrain à bâtir. Mais la croissance économique et démographique continue: en 1950, Prilly comptait 4000 habitants; en 1960, 10 000; aujourd’hui plus de 12 000! Quant à la ville voisine, Renens, elle comptait, en 1950, 6000 habitants; en 1960, 10 600; et actuellement, plus de 22 000 habitants. Il est devenu nécessaire de répondre à cette croissance démographique soutenue.

Situé au carrefour de trois villes, au bord de la halte Prilly-Malley, le nouveau quartier intercommunal (Prilly-Renens) accueillera deux tours, deux places publiques. Ensuite, d’ici à 2022-2025, deux autres quartiers viendront s’implanter au nord et au sud de la gare, sur une friche industrielle sous-exploitée depuis longtemps. Si la population valide cette option, le plan de quartier Malley-Gare prévoit l’accueil de 420 appartements dans 1100 logements mixtes. La moitié de ces logements répondront aux besoins des locataires à revenus modestes: familles, étudiants, retraités… choix qui s’impose dans le contexte actuel de pénurie du logement. Le projet comporte des logements, des équipements et espaces publics, et des commerces. Malley deviendra ainsi un point central de l’agglomération Lausanne-Morges.

La population va voter sur le plan Malley-Gare. Un référendum spontané a été lancé par le Conseil communal de Prilly. La votation permettra aux Prillérans de se prononcer le 27 novembre sur le projet de PPA (plan partiel d’affectation) Malley-Gare. Cette consultation de la population par le Conseil communal revêt une importance majeure pour l’avenir de l’ensemble du quartier implanté sur les territoires de Lausanne, Prilly et Renens.

Désir de changement, peur du changement, rien de plus normal. Tout le monde se rappelle aujourd’hui que le «quartier Malley était considéré il y a peu comme un espace de deuxième catégorie». Avec ce PPA répondant aux besoins de la population, le destin de Prilly change. Le quartier devient ainsi un point de liaison important entre Lausanne-Flon, Sévelin et Renens-gare, qui se développent.

Certes, ce développement urbanistique aura des impacts socioéconomique, démographique, culturels sur la région, les modes de vie, les identités locales et les individus. Certains habitants y verront une atteinte à leurs intérêts. Le changement est cependant un processus inévitable, et il faut s’adapter et éviter de tomber dans le piège de l’immobilisme. Certes, promouvoir la qualité de vie, le développement économique, trouver des solutions aux problèmes de logement, dynamiser la vie économique, culturelle par des projets concrets… tout cela n’est pas sans risques, dans un contexte économique difficile.

Mais s’adapter aux nouvelles réalités et aux nouveaux besoins est de l’ordre de la responsabilité collective, et un changement est nécessaire. Il faut accueillir ce changement, sans quoi d’autres bouleversements se feront sans nous.

Ce projet, qui sera le projet de toute la population, est porteur d’avenir!
 

* Conseiller communal PS, Prilly (VD).

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