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Choisir chaque année les primes les plus basses: un acte militant!

À votre santé!

Comme chaque automne, on annonce les augmentations des primes d’assurance-maladie: 4,5% en moyenne pour 2017, soit une augmentation sensiblement identique à celle de 2016. Celle de 2015 avait été très basse, et pour cause: il s’agissait d’une promesse faite fin 2014 par les assurances-maladie, alors que l’on s’apprêtait à voter sur la création d’une caisse publique dont évidemment elles ne voulaient pas. Les défenseurs du maintien du statu quo faisaient miroiter que les coûts étaient en voie d’être maîtrisés et les compagnies d’assurances ont voulu montrer qu’elles tenaient parole. Certaines sont allées jusqu’à proposer des primes 30% meilleur marché, ce qui a entraîné un afflux important de nouveaux assurés et, du coup, réduit drastiquement les réserves desdites caisses, qui ont par conséquent dû augmenter les primes l’année suivante!

C’est dire que l’augmentation des primes n’est pas un reflet fidèle de l’augmentation des coûts de la santé et se fait sans contrôle politique direct. Or, il faut comprendre que, dans la mesure où l’assurance-maladie est obligatoire en Suisse, personne n’échappe aux augmentations des primes, qui sont assimilables à des taxes, particulièrement injustes, puisqu’elles ne sont pas proportionnelles au revenu, mais se paient per capita  et pénalisent donc davantage les familles et les revenus moyens.

Certes certains cantons – Vaud et Genève en tête – ont mis en place des mécanismes de compensation pour diminuer l’effet négatif de l’augmentation des primes sur le revenu disponible des ménages. Il n’en demeure pas moins que ce système de financement de la santé va droit dans le mur. En continuant ainsi, dans quatre ou cinq ans, on en viendra à des primes mensuelles de 600 francs, ce qui est absurde – et intolérable pour la plupart d’entre nous!

Malheureusement, il ne faut rien attendre du Parlement fédéral actuel dont la majorité UDC-PLR souhaite davantage de marché, sans limiter les prestataires, ce qui induit davantage de coûts. Ce parlement n’a pas voulu entrer en matière sur une proposition cherchant à limiter la part des primes d’assurance-maladie à 10% du revenu. Pire, la majorité des deux commissions (du Conseil national et des États) vient d’accepter une motion UDC imposant un engagement de trois ans aux adeptes des modèles d’assurance permettant de faire baisser les primes, ce qui limiterait les possibilités de changer de caisse face à chaque nouvelle hausse! Une autre motion UDC visant à augmenter la franchise minimale a été acceptée par ces mêmes commissions, faisant indirectement porter le chapeau de l’augmentation des coûts aux patients qui consulteraient trop… alors que la plupart des entreprises et des écoles demandent un certificat médical dès le quatrième jour d’absence (et une grippe dure huit jours, en principe!)

Il est important de rappeler que la Suisse est déjà le pays d’Europe qui met le plus grand poids des frais de santé à la charge directe des citoyens, la LaMal n’en assumant que le 30%.

C’est pourquoi il est clair que le marché (de dupes!) ne peut résoudre la problématique et que les pouvoirs publics, en particulier les cantons, doivent avoir une marge de régulation. Le canton de Vaud, qui s’est enfin doté d’une loi régulant les équipements médicaux lourds, est sur le bon chemin. Il faudra aussi que la gauche et les syndicats, associés aux patients et aux organisations de défense des consommateurs, relancent l’idée d’une caisse publique au niveau cantonal, régional ou national.

En attendant, en tant que citoyens, il nous reste à prendre la décision – aussi longtemps que cela sera possible – de choisir chaque mois de novembre l’assurance qui propose la prime la plus basse, comme geste militant!

* Pédiatre FMH, président de Médecins du Monde Suisse.

Opinions Chroniques Bernard Borel

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lundi 8 janvier 2018

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