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Action et réaction

AU PIED DU MUR

Le Quartet vient de publier son rapport sur l’état du processus de paix, et dans ce rapport il identifie deux obstacles majeurs: le terrorisme palestinien et la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Il n’en fallait pas plus pour enrager le gouvernement israélien: «Israël rejette toute tentative de faire un parallèle éthique entre construction (sic) et terrorisme», a déclaré le bureau du premier ministre.

Reconnaissons que sur un point la déclaration israélienne est dans le vrai: la comparaison entre colonisation et ce que le bureau de Netanyahou appelle terrorisme est scandaleuse. Mais pas dans le sens ou l’entend le gouvernement israélien: la lutte de libération nationale, sous tous ses aspects politiques, militaires ou diplomatiques, est bel et bien une réaction au colonialisme israélien. En ce sens, même lorsque des organisations palestiniennes utilisent des méthodes terroristes – à savoir cibler des civils –, ils ne font que réagir a une agression qui dure depuis les premiers jours du sionisme au Proche-Orient. Si parfois cette réaction s’exprime par des moyens condamnables, elle n’en reste pas moins une réaction, et la responsabilité doit être imputée à l’agresseur originel.

Quant à la colonisation israélienne, il s’agit bien d’une forme de terrorisme. Comme l’écrit avec beaucoup de pertinence l’éditorialiste du Haaretz B. Michael: «Le terrorisme est une méthode qui vise a semer la terreur sur une population civile dans le but d’obtenir des résultats politiques. (…) [Les colons] s’installent là avec un objectif déclaré: déposséder. Voler des biens immobiliers. Semer la peur au cœur de la population civile. Écraser sa vitalité, son bien-être, ses biens, ses droits et sa terre. Lui rendre la vie misérable jusqu’a ce qu’elle disparaisse de ce monde ou tout au moins de ce pays.» (Haaretz, 11 juillet 2016)

S’il y a bien un cercle vicieux de la violence – y compris la colonisation –, il est important de ne jamais oublier qu’il y a eu un commencement, il y a cent vingt ans, lorsque le colonialisme sioniste est venu s’installer en Palestine. S’il ne s’agit pas de détricoter l’histoire, il est par contre impératif de comprendre la séquence action-réaction, afin de pouvoir briser ce cercle vicieux de la violence. Sans décolonisation, du régime, de l’espace, des institutions, des lois et des mentalités, il est naïf (dans le meilleur des cas) d’espérer la fin de la violence, car le colonialisme est par définition la violence originelle.

Si l’on revient au rapport du Quartet, son analyse équidistante, comme le disent nos amis Belges, est peut-être un impératif diplomatique, mais en aucun cas un moyen de changer l’état des choses dans notre région. Processus de paix il y aura quand ladite communauté internationale comprendra que seul un agenda de décolonisation peut laisser espérer un avenir pacifie au Proche-Orient.

 

*Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem)

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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