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Exclure les élèves en situation de handicap ? La SPG a franchi la ligne rouge

Parmi d’autres actions contre les mesures d’économie budgétaires, la SPG, le syndicat des enseignant-e-s du primaire, a décidé mercredi soir en assemblée que ses membres «s’opposeront fermement à toute mesure permettant de mettre en place le projet d’école inclusive». En tant que président de la FéGAPH, je suis consterné et déçu par cette déclaration pour le moins maladroite.

La FéGAPH s’est toujours battue aux côtés des enseignant-e-s pour revendiquer les moyens nécessaires pour l’école inclusive, qui n’est pas un «projet» mais un droit (cf. par ex. la motion 2247 que nous avons initiée). S’opposer à l’école inclusive, c’est exactement comme si les enseignant-e-s déclaraient vouloir exclure de l’école publique les élèves noirs, étrangers ou musulmans : inacceptable. En ciblant et discriminant un groupe d’enfants particulièrement vulnérables en particulier, le syndicat a clairement franchi la ligne rouge et rompu le dialogue et la solidarité nécessaires entre les enseignant-e-s du primaire et une partie des usagers.

Non, les enfants en situation de handicap ne sont pas juste une variable d’ajustement, qui pourraient éventuellement fréquenter l’école publique le jour hypothétique où les circonstances budgétaires et politiques seraient favorables ! Non, l’intégration avec des moyens insuffisants n’est pas pire que l’exclusion d’enfants de l’école publique et leur placement dans des institutions séparées et non adaptées à leurs besoins. Aucune de ces situations ne devrait se perpétuer !

Ce n’est pas la première fois que la direction de la SPG joue aux pompiers-pyromanes sur cette question, alternant dérapages et justification sur le mode «on nous a mal compris…». Si la SPG entend dire qu’elle s’oppose à une école inclusive sans moyens, il suffit de le dire ainsi. Alors qu’elle participera à la journée du DIP sur l’école inclusive demain samedi, la SPG donne un signal désastreux : elle légitime et encourage le rejet de la différence, renforce celles et ceux que l’école inclusive indiffère ou exaspère, dont elle devient l’alliée objective, et fait injure aux nombreux enseignant-e-s qui pratiquent l’inclusion, ainsi qu’aux efforts du DIP pour débloquer des ressources, malgré le manque de moyens alloués par le Grand Conseil. Heureusement, la SPG est seule parmi les syndicats d’enseignant-e-s à annoncer une telle «mesure» anti-enfants en situation de handicap.

Pour ma part, je compte poursuivre le combat pour l’inclusion dans le domaine de la formation, avec tous les partenaires qui tiennent un discours clair. J’invite ainsi les instances démocratiques de la SPG à clarifier publiquement leur position à l’égard des élèves en situation de handicap, afin de pouvoir reprendre ensemble le dialogue et la lutte pour une école accessible à chaque enfant et jeune.

Opinions Agora Cyril Mizrahi

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