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L’arbre qui cache la FIFA

L’arbre qui cache la FIFA
Sepp Blatter durant une conférence de presse de la FIFA en 2012. KEYSTONE/ARCHIVES

Au Mondial des hypocrites, la course au titre s’annonce plus ouverte que jamais. A côté des feintes, des simulations et des protestations surjouées depuis mercredi dans les coulisses de la FIFA, le championnat d’Italie de football fait figure de tournoi amateur pour séminaristes.

Ainsi, la corruption mettrait de l’huile dans les rouages de la machine à fric mise en place par Joao Havelange, puis perfectionnée par Joseph «Sepp» Blatter avec quelques-unes des principales multinationales de la planète (Coca, Visa, Adidas, McDonald…). Allons donc! Une fédération capable d’imposer ses choix aux gouvernements du monde entier et de générer des centaines de millions de bénéfices nets d’impôts: convenez que, dans le cas contraire, ce serait une première dans le monde de l’économie et de la politique!

Favori dans la course au ballon d’or de l’hypocrisie, Michel Platini, le patron de l’UEFA (la confédération européenne), et son homme lige, le prince Ali ben al-Hussein, demi-frère du roi de la très transparente Jordanie, et adversaire du vieux président Blatter. Un jeune loup grimé en blanche brebis de l’éthique par l’ex-numéro 10 français, bien connu pour son soutien entièrement désintéressé au Mondial qatari de 2022… au contraire de Sepp Blatter!

Mais attention! De sérieux outsiders se profilent déjà. Comme le service de renseignement étasunien (dite F-Bi-Aille), totalement désintéressé lui-aussi, bien que l’une des attributions de Coupe du monde controversées ait bénéficié à l’ennemi russe et l’autre ait échappé de justesse aux… Etats-Unis.

Enfin, une mention spéciale ne devrait pas échapper aux journaux suisses, qui viennent de comprendre – 2015! – que la FIFA ne s’est pas installée au bord du lac de Zurich (seulement) pour ses filets de perche. Ceux qui n’ont jamais vu d’inconvénient à ce que la FIFA (ou l’UEFA ou le CIO) fasse expulser des milliers d’habitants ou de vendeurs ambulants, exploite jour et nuit des ouvriers pour tenir des délais de construction délirants, laisse les caisses des collectivités vides après son passage (Afrique du Sud, Brésil, Grèce ou… stade de la Praille) et soit exemptée d’impôts, n’ont plus qu’un message à la bouche: «Dégagez, M. Blatter!»

S’il est peu douteux que le Haut-Valaisan n’est pas blanc comme neige, faire du président de la FIFA la cause de tous les maux est aussi populiste que bien pratique. Cela exonère tout ce beau linge d’une réflexion sur le fonctionnement du sport professionnel, voire sur les rouages de l’économie globalisée. Car la FIFA, en (coupe du) monde livré(e) au plus offrant, est à l’image de la concurrence féroce que se livrent les géants de la mondialisation.

Battu ou non aujourd’hui à Zurich dans la course à un cinquième mandat, Sepp Blatter laissera au moins l’héritage d’un sport roi devenu vraiment planétaire, là où les Européens et les Latino-Américains avaient l’habitude de régner en seuls maîtres. La reconnaissance de la fédération de Palestine et les programmes de développement de la FIFA en faveur des pays pauvres resteront à son crédit, bien que ces fonds aient aussi (surtout?) servi à asseoir son pouvoir et à enrichir frauduleusement certains patrons de fédération.
Derrière la nécessité d’un renouvellement, quelle alternative proposent ses adversaires? Poser la question, c’est y répondre.

International Opinions Actualité Édito Benito Perez

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