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Israël craint de figurer sur la «liste de la honte» de l’ONU

DROITS DES ENFANTS • La «liste de la honte» est un outil efficace pour amener les gouvernements à améliorer leurs politiques. Pour peu que les inscriptions soient basées sur les normes internationales –  et non sur des critères politiques –, selon Bede Sheppard.

Selon un article paru dans le quotidien britannique The Guardian le 17 mars1 value="1">www.theguardian.com/world/2015/mar/17/un-officials-accused-buckling-israeli-pressure-childrens-rights-list?CMP=share_btn_tw, Israël aurait exercé de fortes pressions sur les représentants des Nations Unies à Jérusalem pour éviter l’inclusion des forces de défense israéliennes dans la «liste de la honte» du secrétaire général de l’ONU répertoriant les groupes armés ayant commis de graves violations des droits des enfants lors de conflits armés.

Selon cet article, de hauts fonctionnaires israéliens ont fortement suggéré aux représentants de l’agence de l’ONU pour les enfants (UNICEF) en Israël et en Palestine d’annuler une réunion avec des organisations locales de la société civile au sujet de l’éventuel rajout d’Israël à la «liste de la honte», sans quoi ils devraient faire face à de graves conséquences.

Il est bien sûr compréhensible qu’Israël ne veuille pas figurer sur cette liste annuelle2 value="2">www.hrw.org/sites/default/files/related_material/list%20of%20parties%20only.pdf établie par les Nations Unies. Aucun pays ne souhaite y figurer, et ceci est le but même de la liste.

Divers pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ouganda et le Tchad se sont déjà engagés auprès de l’ONU3 value="3">www.hrw.org/news/2014/07/01/un-report-shames-wartime-abusers-children à mettre fin au recrutement d’enfants soldats, condition essentielle pour ne plus figurer sur la «liste de la honte». D’autres pays dont l’Afghanistan, la Birmanie (Myanmar), la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen ont également commencé à prendre des mesures pour mieux protéger les enfants dans les situations de conflit. La «liste de la honte» est un outil efficace afin d’amener les gouvernements à améliorer leurs politiques relatives aux droits des enfant

Ce genre d’outil est particulièrement nécessaire dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Les combats entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza l’été dernier ont eu un effet dévastateur sur les enfants de cette région. Les frappes aériennes4 value="4">www.hrw.org/fr/news/2014/07/21/israelgaza-les-deces-suite-aux-frappes-aeriennes-accroissent-les-preoccupations-liee israéliennes sur lesquelles Human Rights Watch a enquêté ont tué de nombreux civils, y compris des enfants5 value="5">www.hrw.org/fr/news/2014/07/15/israel-palestine-des-frappes-aeriennes-illegales-ont-tue-des-civils-gaza. Le blocus de la bande de Gaza6 value="6">www.hrw.org/fr/news/2014/10/12/gaza-les-bailleurs-de-fonds-et-lonu-devraient-presser-israel-de-lever-le-blocus-0 a en outre eu un impact désastreux sur la santé des enfants palestiniens, en raison des entraves à la livraison de nourriture, de médicaments et d’autres produits de base.

Autre absence notable de la «liste de la honte»: le Hamas7 value="7">www.hrw.org/fr/news/2014/08/05/gaza-questions-et-reponses-sur-le-conflit-entre-israel-et-le-hamas-en-2014, qui n’a pourtant pas sanctionné les responsables de tirs indiscriminés de roquettes ou d’attaques au mortier contre des écoles israéliennes, et qui n’a pas agi pour mettre fin au recrutement d’enfants soldats par les Brigades Qassam, ou au stockage de roquettes dans des écoles gérées par l’ONU à Gaza.

Parmi les autres groupes armés absents de la liste figurent les talibans pakistanais8 value="8">www.hrw.org/news/2014/12/16/dispatches-uniting-against-pakistan-school-massacre, malgré l’attaque mortelle contre une école à Peshawar qui a tué 132 enfants l’année dernière, et les insurgés qui ont incendié de nombreuses écoles dans le sud de la Thaïlande9 value="9">www.hrw.org/news/2014/10/14/dispatches-does-un-know-who-torches-thailand-schools.

Le secrétaire général des Nations Unies devrait s’assurer que l’inclusion ou non de pays et de groupes dans la «liste de la honte» soit basée non sur des critères politiques, mais sur les normes internationales relatives aux droits des enfants dans des situations de conflit, reconnues par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Notes[+]

* Directeur adjoint de la Division droits de l’enfant à Human Rights Watch. Version intégrale en anglais: www.hrw.org/node/133761

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