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Vers le 4 octobre, la ville que nous voulons

GENÈVE • Le collectif «Dance against police» appelle à une parade festive contre la «politique du tout répressif», ce samedi à Plainpalais, en réplique au défilé du bicentenaire de la police genevoise, organisé le même jour.

DANCE AGAINST POLICE*
«Chaque époque a son fascisme
Primo Levi

Le 4 octobre, la police défilera en grande pompe dans les rues de Genève pour célébrer les deux cents ans de l’institution. Plus de deux cents agents iront se pavaner dans les rues du centre dans le but de redorer le blason d’une police au centre de mille scandales. Cette manifestation de propagande, comme elle a été définie par des historiens, ravit la presse depuis des mois. Pas très étonnant, lorsqu’on sait que le travail journalistique se résume trop souvent à un copier-coller des communiqués de presse des forces de l’ordre.

Face à cet étalage obscène de la «violence légitime» de l’Etat, nous voulons faire sentir qu’à Genève il y a encore des gens qui ne se réjouissent pas d’aller applaudir des hommes armés comme dans une parade de sinistre mémoire. Nous avons donc décidé de nous inviter à leur fête pour faire entendre notre voix.
D’abord parce que la police, nous savons ce que c’est. La militante qui se fait intimider pour un simple tractage, le fêtard qui se fait insulter pour un joint fumé dans la rue, le jeune à la peau trop foncée qui subit le racisme des agents. Tou-te-s celles et ceux qui ne correspondent pas à l’idéal du bon citoyen ont déjà subi d’une manière ou d’une autre l’arrogance de la police.

Ensuite, car l’hystérie sécuritaire est en train de façonner une Genève qui ne nous plaît pas du tout. Dire que le problème de Genève réside dans l’insécurité est un épouvantail pour cacher les vrais problèmes que chacun-e subit au quotidien: des loyers exorbitants, le manque d’espaces récréatifs libres et bon marché, des primes d’assurance maladie si chères qu’on n’arrive pas à se soigner.

Leur sécurité, celle des amendes aux mendiants et des quartiers éclairés par les gyrophares, ne rassure que les sentiments mesquins excités par les partis populistes. Notre idée de sécurité est tout autre. C’est la tranquillité d’avoir un toit sur la tête, l’assurance de trouver un travail où l’on ne nous traite pas comme du bétail, la sécurité de pouvoir accéder à une formation qui nous corresponde même si l’on n’a pas les moyens de la payer. Et aussi la sécurité de ne pas finir étouffé sous les genoux d’un policier, comme cela est arrivé lors d’une intervention à Meyrin en octobre passé.

Ces dernières années, nous avons été beaucoup à descendre dans la rue pour dénoncer les coupes budgétaires au détriment de services essentiels. Dans un moment d’austérité, police et prison phagocytent toutes les ressources car, à la différence de l’éducation, de la santé ou de la solidarité, «la sécurité n’a pas de prix». Lorsqu’on nous dit que des économies s’imposent dans tous les secteurs mais que l’on voit que le budget du Département de la sécurité augmente d’un tiers en une année, il devient évident que de l’argent, il y en a: la question est de savoir si on l’utilise pour construire des prisons ou pour autre chose.

Avec une loi sur les manifestations liberticide et une pratique d’intimidation policière systématique de toute activité sociale, ils voudraient faire passer le message qu’il n’y a plus qu’aux policiers qu’il est consenti de manifester. Mais, contrairement à ce qu’ils nous disent, les rues appartiennent à celles et ceux qui les font vivre, non pas à ceux qui sont en train de les tuer à petit feu. Le 4 octobre, une contre-parade festive va envahir les rues de Genève car, ici, la question est de savoir quelle ville nous voulons. D’une part, une ville d’uniformes, de cellules pour sans-papiers et de violence quotidienne. D’autre part, la Genève métisse qui se veut une ville vivante et populaire.

Au plaisir de vous voir… du bon côté!
 

* Danceagainstpolice.noblogs.org, sa. 4 octobre, 13 h 30, plaine de Plainpalais, pointe Uni-mail: parade festive, concerts, sound-systems, open-mic.

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